Le terme teen movie est bien installé dans les esprits, mais qu’en est-il des teen series ? On les connaît, mais on en parle peu. Du coup, on avait envie de se pencher sur la question avec un focus fait maison.
Dans notre série de focus, on a pas mal abordé des sujets assez touchy comme la drogue, la nudité ou le sexisme. Mais voilà, on avait envie de traiter un sujet plus random, mais tout aussi intéressant. Il s’agit de l’adolescence. Cette période épanouissante et ingrate à la fois, par laquelle nous sommes tous obligés de passer.
Sauf que voilà, l’audiovisuel ne tient pas forcément à filmer une bande d’ados ordinaires en ce temps où les seins font leur grande apparition, et où les smacks prudes se transforment en « tu viens chez moi ce soir ? ».
Certaines séries aiment enjoliver cet âge où tout se joue, pour en faire des fictions palpitantes dignes d’Amour, Gloire et Beauté. D’autres préfèrent tremper dans le vrai, et prôner un réalisme brut. Puis, il y a celles qui sont partisanes des bons vieux mélanges, et qui jumellent la dimension teenage avec d’autres sous-genres.
Focus sur l’adolescence dans les séries, cette parenthèse légendaire avant d’affronter les responsabilités et autres emmerdements.
La jeunesse dorée
C’est le procédé le plus exploité pour donner du piment à une teenage serie : se concentrer sur une jeune élite. En effet, les shows aiment installer leurs personnages dans de hautes classes sociales pour mettre en scène luttes de pouvoir, trahisons, et tout autre drama à la sauce soap.
Les auteurs ont bien saisi que faire un zoom sur une élite offre bon nombre de ressorts narratifs assez efficaces qui fonctionnent à tous les coups auprès du public. Parmi eux, on pense à la fracture sociale. Le face à face entre des personnalités issues de milieux aisés, et d’autres plus modestes donne lieu à un choc riche en rebondissements.
Dans Gossip Girl, le personnage de Jenny est prêt à tout pour côtoyer les mean girls richissimes qui mènent la danse au sein du lycée Constance Billard. Tandis que son frère, lui, joue des coudes pour attirer l’attention de l’inaccessible Serena. Deux protagonistes rattachés à la banlieue de Brooklyn, qui graviront les marches dans une ascension sur plusieurs saisons.
Gossip Girl
Du côté d’Élite, la collision entre les deux classes sociales met le feu aux poudres. Les péripéties engendrées par l’arrivée de trois élèves boursiers dans l’établissement le plus prestigieux d’Espagne entraînent un meurtre.
Élite
De manière générale, suivre une jeunesse dorée offre une large palette d'options scénaristiques comme le montre 90210 entre autres. Seulement, ce parti-pris peut éventuellement instaurer une distance avec le public. Les spectateurs sont captivés, mais ne se reconnaissent pas nécessairement dans le quotidien des personnages. À l’inverse, les séries UK, elles, ont fait le choix de miser sur la proximité.
90210
Les "made in UK"
Effectivement, les teen series anglaises ont tendance à se mettre à la hauteur de l’audience. Les personnages sont intentionnellement lambdas, que ce soit dans leur parcours ou leur physique. Le meilleur exemple n’est autre que Skins. Une série sans filtre avec des scénarios de proximité, qui ne prétendent pas à des péripéties rocambolesques. Au contraire, Skins se contentait d’entretenir un regard intime sur une jeunesse anglaise dans laquelle tout le monde pouvait se reconnaître.
Skins
Ce principe est maintenu dans des séries comme Glue, Misfits (auquel une dimension sci-fi est ajoutée) ou Journal d’une ado hors-norme.
Glue
Une tradition anglaise qui perdure depuis un bail d’ailleurs, notamment avec des modèles comme Sugar Rush (2005), lui aussi empreint d’un réalisme brut.
Le lycée en focus
Le lycée est ce passage obligé auquel nul ne peut échapper. Un lieu emblématique qui joue un rôle décisif dans les fictions centrées sur l’adolescence. C’est même en son nom qu’est intitulée la mythique série australienne Hartley, cœurs à vif, se déroulant au sein de l’établissement Hartley.
Car oui, dans certaines séries, le lycée ne se contente pas d’être un personnage, mais se distingue comme le héros. C’est le cas avec Degrassi, show dans lequel les personnages sont mouvants tandis que le décor demeure le même au fil des générations.
Degrassi, nouvelle génération
Toutefois, ce n’est pas réellement le lycée dont il s’agit. Celui-ci est plutôt l’écrin de schémas propres à l’adolescence. Dans ce contexte donné, les séries dépeignent des situations qui s’y rattachent, comme le parcours d’une adolescente enceinte (La vie secrète d’une ado ordinaire), l’exposition de sa sexualité aux yeux d’autrui (Faking It) ou le harcèlement scolaire (thématique fréquemment abordée).
Puis, il y a ces séries qui aiment naviguer entre les thématiques en suivant de près une bande de lycéens à la manière de la série norvégienne Skam, Dawson, ou les premières saisons des Frères Scott et de Glee. D’autres séries entretiennent la même volonté d’illustrer les aléas du lycée, mais en restant concentrées sur le parcours d’un seul personnage (Awkward, The Carrie Diaries).
Skam
Les teenage series hybrides
Jusqu’ici, nous avons surtout abordé des teenage series purement teenage series. Or, beaucoup d’entres elles affichent une ambivalence. En gros, la trame narrative mise en place renvoie à un genre particulier, mais celle-ci est appliquée à un cadre teenage.
Veronica Mars
Comme exemple, on peut notamment citer Veronica Mars qui fait un match avec l’intrigue policière. De même, des shows comme Pretty Little Liars, Élite ou The Lying Game font partie de ces teenage series basées sur des enquêtes. Sur la même voie, Riverdale offre de nouvelles trames annexes à chaque saison.
Pretty Little Liars
Avec de telles propositions, la teen serie nous prouve qu’elle est sans frontière. Elle peut se glisser au cœur des hautes sphères sociales, nous toucher de plein fouet avec un réalisme brut de décoffrage, ou se vêtir de son habit d’ombre avec des scénarios policiers de qualité. Non, la teen serie n’est pas un piège à ados sans grand intérêt. Elle est riche et chacun de ses visages a quelque chose à offrir aux jeunes ou anciens jeunes bonhommes que nous sommes.