Première année, la comédie de la rentrée

undefined 12 septembre 2018 undefined 11h42

Louis Haeffner

Maintenant que la rentrée est bien entamée, il est temps de vous mettre sérieusement au boulot. Et c'est encore plus vrai si vous avez le bonheur/malheur d'avoir choisi médecine, comme les deux héros du film qui nous concerne présentement. Dans tous les cas, et comme le dit si bien Liam Neeson : "bon chance". 


Benjamin débarque à la fac de médecine encore tout auréolé de son bac S avec mention, et il vaut mieux, car « seuls 2% » de ceux qui n'ont pas au minimum cette ligne à leur CV peuvent espérer réussir cette première année. En prenant place dans l'amphi, il fait la rencontre d'Antoine, qui lui entame sa troisième première année après avoir décliné la possibilité d'un reversage en dentaire et obtenu une dérogation. Tout deux ont le même objectif, réussir à tout prix ; pour cela, ils vont s'épauler et, assez naturellement, une belle relation d'amitié va naître entre eux.

Première année film critique

Plus que la finalité de la réussite – ou du classement, devrait-on plutôt dire – aux examens de fin d'année, c'est cette relation qui constitue le cœur du film, et le prisme par lequel l'univers si spécifique de la fac de médecine est décrit et analysé. En effet, nos deux héros ont des profils opposés : Benjamin (William Lebghil) a un père chirurgien viscéral ami du doyen qui lui a pris une chambre juste à côté de la fac, quand Antoine (Vincent Lacoste) habite loin, quelque part en banlieue, et doit démarrer ses révisions dans les transports.

Première année film critique

En gros et comme l'un des personnages le dit explicitement, Benjamin « a les codes », il a grandi dans un environnement qui l'a préparé à réussir, et a donc beaucoup de facilités à évoluer dans cet univers souvent absurde qui se révèle paradoxalement très hostile à Antoine, lui qui pourtant le connaît parfaitement pour y avoir passé déjà deux années. Le schéma de base de la comédie initiatique se trouve donc quelque peu perturbé, et voit en quelque sorte l'élève prendre la place du maître, au fur et à mesure que l'année avance. 

Première année film critique

Avec ce troisième film consacré au milieu médical (après Hippocrate et Médecin de Campagne), Thomas Lilti met en lumière les exigences d'un système qui favorise très clairement la reproduction sociale et l'immobilisme des règles qui le régissent, un système qui exclut et oppose là où il devrait rassembler, puisque ce sont des valeurs d'humanisme et d'empathie qui sont censées pousser les médecins à le devenir. Il livre donc un constat assez inquiétant sur la profession, tout en lui donnant une forme rassurante. Habile.


Sur fond d'étude socio-professionnelle, Première année (re)plonge donc le spectateur dans l'univers impitoyable des études supérieures, de celles qui forment l'élite de la nation, mais de celles aussi qui forment les amitiés. On constate d'ailleurs que le duo Lacoste/Lebghil s'en donne à cœur joie. Un film parfait pour la rentrée, en somme.