Plaire, aimer et courir vite, avec un goût d\'inachevé

undefined 31 mai 2018 undefined 09h34

Louis Haeffner

Au vu de l'accueil critique plus que positif qu'a reçu le dernier film de Christophe Honoré, je me sens plutôt mal à l'aise par rapport à ce que je m'apprête à écrire. Sans l'avoir trouvé vraiment mauvais, loin de là, j'oserai quand même dire que je me suis un peu ennuyé devant Plaire, aimer et courir vite. Je vous explique pourquoi.


Ça avait pourtant superbement commencé, avec un générique à la grosse titraille blanche sur de très belles images de Paris aux teintes bleutées particulièrement canon et cohérent au regard de la période concernée, à savoir les années 90. L'histoire est celle de Jacques, un écrivain homosexuel atteint du sida, et d'Arthur, un jeune étudiant épris de littérature et de cinéma. C'est d'ailleurs dans une salle obscure de Rennes que nos deux protagonistes se rencontrent et se plaisent immédiatement. 

Plaire, aimer et courir vite film critique

Le récit évolue ensuite à un rythme plutôt lent, chacun vivant sa vie de son côté tout en entretenant une relation amoureuse essentiellement téléphonique et épistolaire où grands écrivains et poètes dialoguent, dans ce qui semble être un jeu de séduction très référencé. Évidemment à la fin, c'est triste, puisque Jacques se sait condamné. Vous l'aurez compris, le scénario n'a rien de renversant, et bien qu'il faille reconnaître et louer dans cette histoire une sorte de joyeuse mélancolie, l'intérêt semble devoir plutôt résider dans la mise en scène et la direction des acteurs, comme toujours d'ailleurs chez Christophe Honoré. 

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Si notre petit chouchou Vincent Lacoste passe très bien en jeune provincial intelligent, sensible et très peu impressionné par le milieu gay parisien qu'il découvre tout juste avec une assurance bluffante, grâce à un physique qui colle parfaitement à son personnage, on ne peut qu'être surpris par la timidité et l'hésitation semble-t-il voulue qui domine dans ses échanges physiques avec Jacques, lui aussi bien interprété par un Pierre Deladonchamps qui a très bien saisi le caractère passif de son personnage. Denis Podalydès quant à lui est absolument parfait, et domine ce casting parfois un peu balbutiant de la tête et des épaules. On retiendra cependant un côté un peu trop littéraire dans les dialogues, certes voulu, mais qui amène un manque de réalisme trop peu compensé par leur poésie. 

Plaire, aimer et courir vite film critique

La photo, enfin, est très belle, notamment dans quelques séquences de nuit absolument éblouissantes par leurs jeux d'ombres et de lumières, de chaleur et d'une certaine forme de rigidité, malheureusement trop rares. 


Plaire, aimer et courir vite est au final un film a moitié réussi, qui aurait mérité un développement esthétique plus poussé, quitte à rogner sur le récit. On attendait un film stylisé, on l'a eu, mais pas assez pour en faire une totale réussite.