Paul Sanchez est revenu !, un thriller très (trop) français

undefined 19 juillet 2018 undefined 15h13

Louis Haeffner

À la rédac', y'a pas mal de gens qui adorent les affaires bien glauques du genre de celles qui incluent des meurtres, des voisins, une petite bourgade tranquille et une veste en cuir jetée sur les épaules juste avant le générique. Paul Sanchez est revenu ! avait l'air de taper en plein là-dedans, et moi, je fais partie de ces gens de la rédac' dont je parlais plus haut ; je suis donc allé le voir.


L'affaire Paul Sanchez présentée dans le film de Patricia Mazuy ressemble ainsi à s'y méprendre à une affaire bien connue des Français : l'affaire Dupont de Ligonnès.Un type tue sa femme et ses quatre enfants puis disparaît dans la nature. La différence majeure entre la fiction Sanchez et la réalité Ligonnès, c'est que dans le film qu nous concerne, le fugitif revient, enfin du moins le croit-on puisque plusieurs personnes affirment l'avoir vu. Revenu ou pas, la jeune gendarme Marion, elle, y croit, et voit là le moyen de montrer à son chef ce qu'elle vaut. 

Paul Sanchez est revenu ! film critique

Patricia Mazuy nous montre plusieurs choses avec cette situation de départ. Pour commencer, elle nous dit ce qu'elle pense de la gendarmerie, en gros des gens plutôt simples voire simplets, pour ne pas dire complètement débiles et incompétants en ce qui concerne le commandant. On en vient à se demander si l'espèce de paternalité pataude avec laquelle il traite Marion émane d'une volonté de la réalisatrice ou de la qualité pour le moins discutable du jeu de l'acteur. Les journalistes, du moins ceux de province, ne sont pas mieux traités, au regard du personnage de Yohann, un pauvre type bafoué par sa hiérarchie à la recherche désespérée d'un scoop pour faire décoller sa carrière. Tout cela, vous l'aurez compris, est bien trop caricatural

Paul Sanchez est revenu ! film critique

Heureusement que Laurent Lafitte est là pour donner un peu de sel à ce plat autrement bien fade. Sa prestation, impressionnante, le fait passer par tous les états du pétage de plomb caractérisé. D'abord froid et déterminé, sans pourtant qu'il sache véritablement à quoi, on le voit littéralement se déliter, douter, puis reprendre pied et exprimer avec beaucoup de sensibilité et de colère son dégoût de la société de consommation et surtout de l'oppression qu'elle permet. Voilà, on a compris, maintenant, ce que Patricia Mazuy cherchait à nous dire et à mettre en lumière : « On est tous Paul Sanchez ».


Plutôt poussif et trop peu soigné, Paul Sanchez est revenu ! tient pourtant un propos aux accents universels fort intéressant. On parle ici de cette éternelle lutte des classes, mais transposée dans un coin perdu de PACA, avec tout ce que cela implique de franchouillard à souhait. Laurent Lafitte, quant à lui, est magnifique.