First Man, journal intime et épique du premier homme sur la Lune

undefined 17 octobre 2018 undefined 18h15

Louis Haeffner

Il y avait quand même peu de risque pour que ce soit naze : Damien Chazelle retrouvait Ryan Gosling après La La Land pour nous faire un petit résumé – tout en caméra embarquée – des années de préparatifs et de la mission qui permit à Neil Armstrong d'être le premier homme à marcher sur la Lune. Sérieusement, comment est-ce que ça aurait pu foirer ? 


Vous voyez cet état d'esprit très positif et sécuritaire qui imprègne notre introduction ? Eh bien ce n'était pas du tout celui dans lequel les gusses qui se sont dit à un moment « on va aller sur la Lune » se trouvaient. En fait, les gars flippaient comme c'est pas permis, et c'est plutôt normal au vu de l'aventure humaine et technologique qui se profilaient devant eux. L'histoire de First Man, sans grande surprise, encadre donc la période s'étalant de cette brillante et ambitieuse idée jusqu'à sa réalisation le 21 juillet 1969, en se focalisant, là aussi sans surprise, sur Neil Armstrong. 8 ans de joies, de peines, de succès, de ratages, de bonheurs et de drames. 

First Man Le premier homme sur la Lune critique

C'est donc la petite histoire dans la grande que Damien Chazelle choisit de nous raconter. On le comprend dès la première séquence, qui nous laisse le souffle court, tremblant sur notre siège. Nous voilà embarqués dans un vol d'essai : la caméra s'attarde sur les moindres détails, des rivets luisants du cockpit aux narines du pilote qui s'écartent avec l'adrénaline. Si certains voient le diable dans les détails, Chazelle y voit surtout un moyen d'immerger le spectateur. Le procédé, au risque de devenir un peu lassant sur la longueur du métrage, est pourtant le même pour les parties plus intimes du récit : un peu à la façon de Terrence Malick, le réalisateur filme tout à l'épaule, en caméra subjective, et parfois se laisse aller à un long plan fixe sur les visages de ses personnages. Beau et efficace, un peu comme le toujours excellent Ryan Gosling d'ailleurs, qui trouve en Claire Foy, toute en retenue, à qui parler.

First Man Le premier homme sur la Lune critique

En centrant la mise en scène sur les aspects intimes de la vie de son héros, ses questionnements, la perte d'êtres aimés, mais en montrant aussi de nombreuses et belles séquences d'héroïsme chevronné, Damien Chazelle propose un film épique où la tension est permanente, que ce soit dans le salon de la famille Armstrong ou à Cap Canaveral quand une voix métallique éructe "ignition". Il évite ainsi l'écueil de la fausse modestie et donne au spectateur ce qu'il est venu voir : un héros qui est, certes, "un homme avant tout', mais un putain de héros quand même ! 

First Man Le premier homme sur la Lune critique


Ne boudons pas notre plaisir : First Man, comme son titre le laissait présager, est un bon vieux film à l'ancienne, tout à la gloire de Neil Armstrong, la bannière étoilée omniprésente dans les 90's en moins, et une photographie impeccable en plus. Entre mélo et héros, Ryan Gosling aura su une nouvelle fois y trouver le chemin des étoiles.