OTTO 10

undefined 17 septembre 2014 undefined 00h00

La Rédac'

Le jeune collectif OTTO 10 pourrait être l'un  des symboles pertinents de ce que l'on appelle « La nouvelle nuit parisienne. » Proposant une fête décomplexée et hors des cadres classiques (lieux, horaires...) cette structure associative assume complètement sa manière artisanale de faire les choses : avec eux, les soirées sont élevées en plein air, avec du bon grain, rien à voir avec les soirées industrialisées et piquées aux hormones de croissance. On a pris un petit apéro avec Fabien et William,  les deux représentants de la bande. 

Les gars, vous venez d'organiser une grosse teuf ce week-end. (l'interview s'est déroulée juste après leur fiesta à l'Alter Paname le 18 mai dernier, ndlr) Ça va, bien redescendus ? 

Fabien : C'est toujours spécial l'après-soirée par ce qu'on ressent 2 sentiments très différents. D'une part, on est sur un petit nuage parce qu'on est heureux d'avoir fait une fête réussie, de voir les retours super positifs sur les réseaux sociaux, etc. Mais d'une autre part, on est complètement morts, on en peut plus. On a les nerfs à vif, et pour peu qu'on ait beaucoup de boulot à côté, c'est très difficile à vivre..

William : Je ressens exactement la même chose. On a tous des tafs à côté, et c'est un peu tendu de concilier les deux dans ce genre de moment. Là, j'ai des courbatures partout, il m'a presque fallu 3 jours pour m'en remettre.

OTTO 10- 1

Bon,  j'aimerais que vous me parliez de ce délire autour du nom de votre asso : OTTO 10. Cela vient bien du peintre expressionniste allemand Otto Dix, hein ?   

F. : C'est un gros clin d'oeil aux clubs allemands de musique électronique comme le Robert Johnson, le Harry Klein, le Dorian Grey... Ce sont des clubs où il y a un détournement de nom propre. Et notre principe de base, c'est de détourner : on détourne des lieux, on détourne des images pour faire nos flyers, on détourne les soirées traditionnelles. Et puis Otto Dix, c'était aussi un peintre qui avait des couilles, que ce soit dans ses œuvres ou ses engagements politiques.

W. : Ce nom, ça permet aussi d'avoir des questions comme ça, et d'expliquer notre démarche par la suite.

De quels autres orga/collectifs vous vous sentez  proches ? 

F. : On n'est pas amis ou partenaires avec d'autres orgas factuellement, mais on admire les Souk Machines pour leur état d'esprit, les 75021 de Sonotown pour leur côté pointu, et les Katapult pour leur intégrité.

Vous avez une ligne édito bien définie pour bâtir vos line-up ? 

F. : L'orientation, elle est pensée par rapport au lieu, aux horaires, à nos envies pendant une période précise. Chaque événement implique un contexte différent, donc un line-up différent aussi. On est autant attirés par la musique roumaine que par la disco, on adore mélanger les styles dans un même événement. Par exemple, à la dernière, y'avait Demian à 15h qui faisait un son plutôt Kill The DJ, 2 heures après, Justus Köhncke était disco à fond, à la fin, il y avait de la minimale avec Isolee. Du coup, ce mélange-là,  bien amené, ça donne une bonne progression, une bonne cohérence.

W. : Sans vouloir enseigner la musique aux gens, on essaye aussi d'avoir un petit côté défricheur. À côté des grosses pointures, on est très contents d'amener des jeunes pousses .

Comment travaillez-vous ce qu'il y a autour de la musique ? 

W. : Quand on a fondé OTTO 10, on ne voulait surtout pas louer un lieu, poser 2 platines, envoyer du son, et vendre des bières chères. On avait envie de créer de la surprise, que les gens s'en prennent plein les yeux, qu'ils soient déguisés, qu'il y ait à écouter, à voir, à prendre, à manger, que tous les sens soient explosés.

F. :  C'est vraiment la base de l'identité OTTO 10. OTTO 10, c'est la décoration, la recherche de lieux, tous les petits happenings qui peuvent se faire, le bar, la gestion de la sécu, et c'est aussi la musique. La musique, c'est pas la chose première. Tout doit être vu dans son ensemble, on a voulu bâtir un projet global. Tout ce qui permet de rendre la fête plus folle, ça a vachement de valeur.

OTTO10 - 2

Quel est le principal avantage d'organiser des « soirées » en pleine journée ? 

W. : Ça évite surtout les problèmes de voisinage. Et puis c'est pas la même teuf quand il est 3 h de l'après-midi que lorsqu'il est 2 h du mat', et que tu n'as que 5 h devant toi pour te cramer la gueule. En journée, t'es moins pressé, y'a beaucoup plus de temps, c'est détendu. Du coup, ça influe sur beaucoup sur les rapports entre les gens.

Bon, on est d'accord, la banlieue, c'est l'avenir de la nuit parisienne ? 

F. : Ce n'est pas l'avenir, C'EST la nuit parisienne.

W. : On a eu des propositions dans Paris intra-muros mais ça ne collait pas avec nous. On ne pouvait pas faire ce que l'on voulait, et tout était trop cher. Quand on nous dit : « Tu ne peux pas balancer des paillettes ici », c'est juste pas possible pour nous. L'objectif n'est pas forcément de faire des teufs en banlieue, c'est surtout qu'on nous empêche d'en faire à Paris.

Et si un jour, un club traditionnel vous propose de faire la DA, vous dites quoi ?

F. : Accepter, ce ne serait plus OTTO 10. Si quelqu'un dans l'asso est intéressé, il peut y aller en son nom propre.

W. : Notre credo, c'est d'organiser des évènements toujours dans des lieux différents, et si possible pas très connus. Si on peut aller dans des endroits inédits, ça donne de la valeur ajoutée.

Faire ça dans un club que tout le monde connaît, ce serait nous trahir.  Et on trahirait aussi les gens qui nous suivent depuis le début.

Vous pouvez nous donner des pistes pour le prochain event ? 

W. : Déjà, après 10 séances de kiné et 3 tubes de pommade, on va se remettre tranquillement. Je vais essayer de me souvenir du code pour rentrer chez moi, et on verra... En tout cas, ce sera pas cet été parce que tout le monde part en vacances. La prochaine, ben, dès que pourra, c'est tout. On n'en sait rien en fait.  

www.otto10.fr