L’interview bourrée de VSO

undefined 30 juin 2015 undefined 00h00

Marine

Bienvenue dans le cosmos. J’étais là, tranquille à écouter mon habituel rock, Nirvana résonnant dans mes oreilles, mon gosier rempli de vodka chaude, mon nez complètement bouché et puis là tout s’est coupé. Au début j’ai cru que c’était mon cerveau mais non, mon traître de téléphone avait joué ses dernières notes. Au loin, du rap français. Des sonorités différentes de celles que l’on a l’habitude d’écouter. Je me suis faufilée entre les différents vomis posés ici et là et je les ai vus. Trois jeunes sur scène, enflammant la piste, les mains étaient levées, l’un des rappeurs s’était jeté dans la fosse, et un danseur faisait le show. Mais on est où là ? Ni une ni deux, je les ai attrapés au vol, on a filé dans leur caisse abandonnée sur le bord de la route et on a commencé une interview. Il était 4h du matin. Bienvenue dans le vaisseau. 

Pex : C’est le VSO qui s’attire des corners. Alien : popopopopopo ! La pauvre intervieweuse perdue que je suis : Nan mais là, c’est pour moi les gars, je vais avoir du mal à le retranscrire. Sorry. On peut commencer ? Vous vous êtes connus y'a combien de temps ? Pex : Y'a deux ans.

Ma seconde question, c'était "où ?", sauf que c'était sur un ton un peu vénère, ils ont dû se sentir agressés puisque la réponse a fusé comme s’ils se protégeaient. Dans la rue. A Nîmes, en faisant du rap.

Qui ne se connaissait pas ? Qui s’est ajouté comme un putain de parasite qui s’est greffé au truc ?  Pex : La vérité c’est que en deux semaines, on s’est connus tous les trois, Vinsi, moi c’est Pex et Alien. J’ai rencontré Vinsi au concert de Youssoufa.

C’est qui lui ? Pex : Laisse tomber c’est un artiste. Dans une salle de concert à Nîmes. Puis on s’est retrouvés tous les trois à freestyler dans la rue.

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Vous étiez en train de bien kiffer et Alien est arrivé en fin de soirée comme la cerise sur le gâteau. Je suis très expressions géniales de ce type. Pex : Voilà, en fait y'a beaucoup de rappeurs à Nîmes. Vinsi : Ouaaaaaaaiis Pex : Et on rappait avec d’autres mecs et d’un coup lui est arrivé de nulle part il a commencé à rapper et on s’est dit « putain ce mec il est trop cool faut qu’on le capte » et c’est parti de là. Alien : Et après on s’est pas lâchés, on a mis un peu de temps à se mettre d’accord, on a sorti un premier son qui s’appelle "All In" et ça a démarré. On a ensuite fait notre première scène à Nîmes en janvier 2014 au café Olive. On avait tellement matraqué et fait chier avec de la pub que les gens pouvaient même plus rentrer dans la salle vu le monde qu'il y avait. Vinsi : C’était une belle première fois.

Ça fait quoi la première fois que voooouuuus… vous vous produisez devant des gens ?  Pex : Ça fait peur, j’ai chié 5 fois avant d’y aller. Vraiment. De stress et d’alcool. Alien : Tous les gens qui venaient, c’était des gens qu’on connaissait. Y'en avait ça se voyait qu’ils t’attendaient au tournant. Et du coup c’était la pression de malade et on a joué une heure et demi.

Ce soir vous avez joué combien de temps ?  Alien : Ça a duré une heure. Putain j’ai l’impression que ça a duré 10 minutes quoi. Ça fait quoi d’être porté par la foule ? Ça doit être tellement cool ! Vinsi : Ça fait du bien ! Mais la dernière fois Pex a failli tuer un gosse. Alien : Ce soir on m’a porté une fois, on m’a attrapé les pieds, mais mec ils m’ont fait basculer tu vois.

C’est quoi franchement le rapport avec vos noms de scène et vos prénoms ?! Vous trouvez des noms chelou ! Alors que ça n’a AU-CUN lien avec vos prénoms. Tout comme cette interview décousue. Pex : Bah moi c’est mon nom de famille. Alien : Bah parce que… Voilà t’es en train de voir. Pex : Alain Delon c’est pas son vrai nom non plus. Vanessa pas partie tout ça. Mireille Mafieux… Petit interlude alcool. Je vais m’écouter en mode bourrée…  Pex : Non mais chut !

Ok on s’en fout. On reprend. Au boulot. Donc ça fait deux ans que vous avez commencé, vous avez signé avec un label ? Pex : Non pas du tout. Vinsi : Dis-lui tout. Alien : On veut pas signer dans un label pour l’instant. On préfère garder la mainmise sur ce qu’on fait pour l’instant et on n'a pas eu des offres assez intéressantes. On veut pas perdre notre liberté artistique. Le truc le plus important en gros, c’est que si tu signes dans un label les gars ils sont pas toujours réglos, tu peux tout enregistrer chez eux et ils peuvent ne pas tout retranscrire. Vinsi : En gros, si jamais tu signes, ils peuvent te couper tes capacités à faire vraiment ce que tu veux. Donc du coup on a préféré rester comme ça pour le moment, on s’entoure assez bien, on fait des collab’. Pourquoi signer si on peut faire ça ?

Ouais, enfin, si un jour vous voulez vivre de ça, à un moment faut bien signer.  Alien : Pas spécialement, tu peux faire des collaborations. Pex : Ce que je vais te dire c’est hyper important, en gros on est trois, on est le noyau. Vinsi s’occupe de toute la partie booking, nous trouver des dates, nous faire tourner et il s’en sort plutôt bien. Moi je m’occupe de toute la partie instrumentale, clip, image, publicité. Alien s’occupe du management, comunity management, j’adore ce mot, on est totalement indépendant de A à Z. On a essayé de bosser avec des gens mais ça a jamais trop bien marché. Prochainement on a des rendez-vous avec la SACEM pour connaître la législation et tout ça mais l’objectif c’est de tout gérer à trois. Vinsi : Après, admettons le booking n’est plus gérable parce qu’on fait trop de scènes, ce que je nous souhaite, on peut déléguer ça. Pex : Mais on veut garder la mainmise. Alien : Après la vérité c’est que pour le moment on n'a pas eu d’offre assez intéressante non plus. Y' a des trucs sérieux mais c’est pas encore d’actualité. Vinsi : Pour le moment on a fait des scènes à Nîmes, dans la région du Sud, Orléans hier pour un festival, y'avait 300 personnes. On est même dans le journal. On a vu ça ce matin, on s’est tapé une putain de barre. Tiens regarde.

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Mais où ? J’arrive pas à lire. « Les Nîmois ont mis le feu à l’assistance… »  Alien : Regarde qui c’est sur la photo. Non mais je suis complètement torchée, je vois que dalle.  Alien : Mais c’est lui, c’est Pex ! On s’est tapé un putain de fou rire (je les soupçonne d’avoir été ivres pendant toute la durée du week-end). C’était génial. Donc Orléans, la Rochelle, on y retourne pour les Francofolies en off, on a fait Nekfeu, Youssoufa, on fait de belles premières parties. Ça nous permet de rencontrer les artistes. Ça te permet de capter un public que t’as pas forcément. Et tu te dis « je veux faire ça ». Pex : Depuis deux mois on s’est trop investis. On veut faire ça de notre vie. Alien : On n’arrête pas de jouer, on a fait 3 dates d’affilée avec le festival du sport extreme à Montpellier, on a fait que ça. Ça te prend tellement de temps. Pour l’instant on en vit pas. On vit pas par la musique mais on vit pour la musique. C’est cliché de dire ça, non ? C’est des sensations incroyables, les gens sont trop deter’, ça vaut tous les sacrifices, c’est tellement intense.

Côté influences ?  Alien : On est assez différents. Pex a une culture musicale vachement éclectique. Moi je suis très rap français et je me suis fait pas mal de scènes électro de par mes potes. Rave, club etc. Et puis genre rap US aussi, genre Notorious Big. Ouais tu me parles d’un truc j’y connais rien, à part Eminem et Dr Dre. Sorry.  Alien : Pour moi y'avait une rivalité entre la East coast avec Biggie et la West coast avec Tupac et en gros les deux se sont fait tuer et moi je suis fan de Biggie et si je me plante pas, il a sorti qu’un album et il s’appelle "Ready to Die". Ensuite il s’est fait tuer. Ça me prend aux tripes. Pex : Moi c’est beaucoup plus large. Je viens du hip-hop de base, et puis après j’ai fait de la guitare et ça m’a ouvert d’autres horizons musicaux, j’ai écouté des trucs improbables et j’ai voulu tout mélanger. Concilier ce qu’on m’avait donné à l’arrêt de bus en CM2 et le rock. C’est un peu compliqué. C’est autant rock que rap. Ce que je kiffe c’est le rap musicalisé. Vinsi : Moi j’étais beaucoup dans le rap français, des trucs un peu hardcore, et le truc c’est que quand je suis rentré dans le vaisseau, je me suis ouvert et je découvre des trucs que j’aurais dû connaître avant.

Comment vous faites pour rapper aussi vite ?  Alien : Ça faut demander à Pex. Faut boire beaucoup d’eau, ce soir on en avait pas et on a galéré. Pex, sa marque de fabrique c’est les fast flow tu vois, c’est un truc qui marche ultra bien en live, même si les gens comprennent pas trop ce que tu dis… Je te coupe, c’est pas tu comprends pas trop, c’est on comprend RIEN.  Alien : Oui merci, mais bref tout ce que tu sais c’est qu’il va vite. Vinsi : C’est quoi les paroles que t’as retenues par exemple ? Là tout de suite, j'peux pas te dire… 

Alien : nous ce qu’on fait c’est du hip-hop festif, l’idée c’est pas d’étaler nos problèmes ni rien, on a pas eu des vies hyper problématiques. On taille nos musiques pour la scène. On fait du fast flow, on mise beaucoup sur les refrains. C’est de la performance entre guillemets, faut avoir une certaine diction et de l’entrainement. Ce qu’on aime c’est la musicalité. Vinsi : On mise beaucoup sur la diversité et c’est ça qui fait tenir le public. Là tu le perds pas, on veut faire danser les gens. Pex : La vérité, c’est que nous on est un groupe de rap, mais ce qu’on kiffe c’est faire des chansons. Que ce soit un tout. Alien : On fait de la musique. VSO on est des extraterrestres, on a appris à l'académie, ce que vous les humains vous appelez je crois l'école et on parle que en rimant. Et l'idée c'est d'apporter la bonne sonorité aux autres galaxies tu vois. Le délire c'est que Pex, le pilote du vaisseau il était trop bourré à cause du shot vodka/kérosène  et il a atterri sans faire exprès sur Terre. On traite les sujets avec du recul. Pex : On utilise ça en disant : "on vient d'une autre planète et on dit putain mais chez vous ça se passe pas super bien." Y a le côté facile et pratique de dire on vient d'ailleurs et on peut se permettre de tout niquer.

Tenez mon téléphone, j'ai vraiment envie de pisser. Dites moi ce que vous faites en dehors de ça dans la vie. Pex : On suce. Alien : Moi je suis pour qu'on dise absolument pas la vérité donc moi personnellement, sur la planète Hipopia, j'étais kicker, j'étais pas le premier de la classe mais je me demerdais bien. Y en a là haut ils sont hyper chauds, je voulais pas rendre jaloux mes copains. J'étais 3eme ou 4eme. Pex : Moi j'suis tireur de coup franc. Vinsi : Moi j'allais pas en cours frère.

Putain j'ai failli rentrer dans la voiture d'à côté.  Pex : Ah bah y a trois Clio qui se suivent. Oui parce que le VSO roule en Clio, qu'on se le dise. Je pensais à un truc et j'ai oublié...  Pex : C'est dommage. Il est où mon verre ? Mais il est vide ! L'angoisse...

Pex : Demande nous des trucs improbables ! C'est le moment... Vas y les groupies ?  Pex : Avec moi ça marche jamais, demande à eux. Alien : Moi je suis en couple depuis 4 ans donc enfin... C'est surtout des filles de 13/14 ans. Ah merde !  Alien : Nan mais c'est cool tu vois, ça fait plaisir. Mais y a pas de meufs qui montrent leurs nibards. On a fait un sample qui s'appelle bikini ça fait "la vie est courte baby, enlève ton bikini sous le soleil de la playayaya" Pex : On a fait un son de merde. Alien : Vinsi c'est lui qui en a le plus. Vinsi : C'est pas vrai, je suis en couple maintenant. Alien : D'ailleurs c'est grâce au rap. Pex : Qui l'eut cru ? Mais mec t'es capable de parler sur n'importe quoi en fait, vas y question suivante. Alien : Je suis inarretable.

J'ai pas d'autres questions !  Pex : T'es sûre que tu bosses au Bonbon toi ? En tout cas, tout ce qu'on raconte, ça vient du cœur. Vous vous engueulez souvent ?  Pex : Ouais très souvent. Mais artistiquement et administrativement. Alien : Là ça va ça se passe bien mais on s'est dit un truc, dès qu'on pense un truc, on le balance. Pex : Question suivante, vas y je me régale. Mais j'ai plus rien !  Pex : Non mais vas y continue ! C'est génial cette interview bourrés. Marine t'as changé. Alien : Tu changes pas, t'évolues.

Sur ce, mon téléphone est re-mort. C'est peut-être pas plus mal. On est retourné dans la foule. On a bu quelques shots de rhum arrangé, on s’est fait un basket à 5, je me suis foulé la cheville. Je suis allée me coucher. Je pense avoir rappé en ronflant. Il était 6h. Bonne nuit.

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