Interview de Breakbot & Irfane

undefined 10 février 2016 undefined 00h00

Simon Kinski Znaty

"Stillwaters", le nouvel album de Breakbot & Irfane (accompagnés par Yasmin et Sarah) est enfin dans nos oreilles et c'est avec plaisir, analyse musicale et (surtout) humour que nous avons rencontré le fameux duo loufoque dont le tube "Baby I'm Yours" n'est inconnu de personne.

Qui fait quoi dans la production de l’album ?

Irfane : En vrai, je fais tout, j’ai repris les rênes car il y avait du laissez aller. Plus sérieusement avant on était un peu dans notre coin, sur le premier album par exemple, chacun faisait un peu ses trucs, maintenant Thibaut va s’impliquer un peu plus dans les mélodies des chansons et moi un peu plus dans la production.

Breabot : Notre relation est moins horizontale qu’auparavant, tu veux dire.

La house, la techno, ça fait partie de votre bagage ?

Irfane : Par la force des choses ça l’est devenu puisqu’on s’est mangé une belle vague french touch quand on était plus jeunes et ça nous a poussé à nous intéresser plus aux musiques électroniques alors qu’on partageait quand même plus à la base la funk et le rap des années 90.

Breakbot : C’est surtout les Daft Punk qui m’ont donné envie d’écouter ces choses là.

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Pourquoi « Stillwaters » ?

Irfane : On trouvait qu’il y avait un coté très aquatique, très soleil, bord de piscine dans l’album, on a donc essayé d’englober et la musique et le concept visuel avec une image de l’eau qui dort qui peut être inquiétante mais très calme en surface, un peu comme Thibaut, qui m’inquiète de plus en plus d’ailleurs.

Dans un album majoritairement disco, ou du moins, « joyeux », ce dont on doit se méfier dans ces eaux, ça ne serait pas une certaine mélancolie que l’on retrouve parfois en surface ?

Breakbot : Je pense que c’est ça effectivement. L’espèce de contraste qu’il y a entre la surface timide et calme qu’il peut y avoir chez les gens et l’intérieur qui bouillonne. Ça peut être de la mélancolie, de la tristesse, de la colère, tous ce qui contraste avec les émotions comme dans Vice-Versa, y’a grosso modo une émotion un peu cool, et le reste c’est de l’inquiétude, de la colère…

Irfane : J’aime bien cette image oui, ce coté insouciant contrasté avec de la mélancolie, tu mets le doigt dedans, plus que dessus.

Je vais l’enfoncer un peu alors, au final c’est un exutoire votre musique ?

Irfane : Il y a une certaine insouciance oui, une échappatoire. Forcément, quand on s’échappe, c’est qu’il y a des choses effrayantes dans nos vies. C’est une purge mais c’est quelque chose de très sain.

Breakbot : Une purge oui. Une vidange. Le traitement des eaux de « Stillwaters ».

Et on y retrouve de grandes influences, Michael Jackson au premier plan, non ? Dans « Wet Dreams », on croirait presque entendre les enfants de « Stranger in Moscow »

Irfane : C’est sur que son ombre est présente car c’est quelqu’un qui nous a tellement influencé. « Wet Dream » à même un coté « Imagination » je pense, mais les enfants de « Stranger in Moscow » ça fait plaisir.

Breakbot : On essaye toujours de tendre vers nos modèles. Nous on a des modèles haut perchés mais on essaye quand même.

Autre chose qui m’a frappé dans l’album : la chanson « My toy ». J’y pensais déjà à l’époque avec « Baby I’m yours », mais là on est réellement dans l’homme objet. Féminisme assumé ou délire sexuel utilisé à des fins musicales ?

Breakbot : C’est Yasmine qui a écrit ce texte. Effectivement, c’est du féminisme assumé et surtout c’est une chanson sexuelle.

Irfane : Il y a un coté très provocateur que j’adore et en même temps ça reste plutôt sage et pop. Sexy, coquin, désinvolte. Est-ce que ça parle de cul ? Seems like it to me.

On retrouve aussi « Stillwaters » un coté Boys Band des années 90, 2000 sur de la funk, style Poetic Lovers ?

Breakbot : C’est vrai qu’on a un peu cette vibe qui nous colle à la peau. On va pas s’en cacher. On avait 12 ans lorsque les Boys 2 Men et autres 3T se déhanchaient à la télévision.

Irfane : Là ça serait plutôt un Boys Girls Band puisqu’il y a Sarah et Yasmine.

Breakbot : Oui donc ce serait plutôt ABBA en fait.

Dans le fond, dans « Back for more », qui ouvre l’album, est-ce qu’il y a un certain orgueil, ou du moins une certaine envie de défi par rapport à ce vous faisiez avant ? Une promesse d’innovation ?

Breabot : On avait la volonté de pas être dans la redite. C’est pas évident de se renouveler. Avec ce morceau on avait envie de faire une structure différente des autres morceaux, qui ne soit pas simplement couplet-refrain couplet-refrain comme très souvent. On l’a plus imaginé comme un voyage, avec un début et une fin, et pleins de petits chemins pour arriver d’un point à un autre.

Irfane : Après l’idée n’était pas de dire « On va vous en mettre plein la gueule », c’est plus une préface. Après c’est aussi ça qui fait la richesse d’un album, c’est les interprétations qu’on peux en faire.

On peux revenir brièvement sur l’épisode du Parc des Princes ?

Breakbot : Je me suis vu comme Gaston Lagaffe ce jour là, c’était pas un affront. J’ai pas la culture footballistique pour savoir quel hymne appartient à quel stade et à quel club… Même Irfane qui s’y connait un peu plus ne savait pas. Faut savoir que j’ai joué ce morceau à l’avant match, les gens rentraient dans le stade. Il y avait à peu près 1/6ème du stade. Avant de le mettre, je fais écouter à Irfane qui me dit « C’est trop bien, garde le pour la mi-temps ». On est passé à coté d’une catastrophe, j’aurais pu ne pas sortir vivant de ce stade. Kavinsky, grand fan du PSG, ne manque pas d’humour, il m’a offert un maillot de l’OM.

Un remède contre la gueule de bois ?

Irfane : Boire une bière

Breakbot : Et un bon Big Mac.

Irfane : C’est prouvé.