[ITW] Jorja Smith, tout simplement

undefined 10 décembre 2018 undefined 15h20

Lucas Javelle

Elle est discrète, humble et sincère. Mais quand elle est sur scène, c’est comme si elle avait déjà trente ans de carrière. Jorja Smith est probablement l’une des plus grandes révélations de ces deux dernières années.

 

La jeune chanteuse originaire d’outre-Manche a à peine l’âge de conduire quand son premier single Blue Lines éclate sur Internet, la propulsant au top des tendances. C’est alors Drake qui viendra la chercher pour la faire chanter sur deux morceaux de son album More Life (2017). Un an après, Jorja sort sa première œuvre long-format Lost & Found. Un titre qui évoque ses années passées à poursuivre son rêve sans connaître le succès, mais qui dénonce surtout les phénomènes de société dans lesquels elle a grandi. Jeune et pourtant déjà bien engagée, Jorja Smith est la voix d’une jeunesse talentueuse. Restée modeste malgré sa notoriété grimpante, elle se dévoile sans trop se dénuder.


Qui est Jorja ?

J’ai 21 ans et je viens de la ville de Walsall du comté des Midlands de l’Ouest en Angleterre (au nord de Birmingham, ndlr). J’écris et je chante depuis que je suis petite.


Quel était ton rêve d’enfant ?

Je voulais être une auteure. Je commençais à écrire des histoires, même à dessiner les couvertures de mes livres, mais je ne les finissais jamais. Quand j’ai eu 11 ans, j’ai commencé à écrire des chansons, jusqu’au bout cette fois-ci.

© Naïs Bessaih


La musique a toujours été une évidence ?

Depuis que je suis toute petite, j’ai l’habitude de faire du bruit et de chanter. J’ai toujours adoré chanter par-dessus la musique que ma mère écoutait sur son iPod à la maison. J’ai appris à jouer du clavier à 8 ans et j’allais chercher sur Google des partitions de chansons pour les reprendre.


Quand Jorja est-elle devenue Jorja Smith ?

Je ne pense pas qu’il y ait un moment précis. J’ai toujours été moi-même, tout est naturel.


C’est allé trop vite pour toi ?

Non, il n’y a jamais eu de rush depuis le jour où j’ai rencontré mon manager. J’écrivais des chansons quand j’en avais envie, on a décidé de sortir quelque chose quand j’ai eu 18 ans. Après, je veux bien croire que les gens l’ont perçu comme un décollage. Personnellement, je n’ai rien ressenti. Les gens autour de moi sont toujours les mêmes, c’est comme si rien n’avait changé.


Qui remercies-tu le plus pour ce qui t’arrive aujourd’hui ?

Mes parents et mon manager. Pour m’avoir dit de poursuivre mes rêves et avoir toujours cru en moi. Et moi aussi – je suis fière de travailler dur et de donner mon maximum.

© Naïs Bessaih


Qu’est-ce que tu conseillerais à un artiste en herbe ?

Ne te précipite pas. Crée seulement ce que tu aimes, et si tu l’aimes, c’est tout ce qui compte. Ne te compare pas aux autres personnes de cette industrie parce que nous sommes tous différents et chacun a son chemin à suivre. Le plus important, c’est de s’entourer de personnes que l’on aime, de super musiciens et d’aimer tout ce que l’on fait.


Comment tu réussis à rester toi-même ?

Je n’y pense pas trop. Mon entourage m’aide à garder les pieds sur terre, mais j’essaie aussi de le faire moi-même. Je critique tout le temps ce que je fais pour me pousser à encore mieux faire. Je ne me pavane pas à droite à gauche en pensant que je suis exceptionnelle. Je suis un peu de ceci, un peu de cela, j’apprends constamment tout en faisant des erreurs.


Tu dis souvent que tu veux vivre comme une personne normale, mais ça semble compliqué avec ta nouvelle vie…

Ce qui est compliqué, c’est quand je sors et que les gens me reconnaissent et veulent prendre une photo avec moi… Parfois, je n’en ai pas envie. Mais c’est ce qui arrive quand de plus en plus de gens entendent parler de toi et que tu es présent dans plusieurs lieux différents. On ne me reconnaît pas tout le temps, ça dépend d’où je suis. Ce n’est pas non plus le pire truc à vivre au monde.


Tu te sens moins perdue depuis que Lost & Found est sorti ?

Je continue de grandir et d’apprendre qui je suis. Mais non, je ne pense pas être perdue en ce moment dans ma vie. Je fais ma tournée et ça crée une routine que j’apprécie, pour une fois. Et je suis si contente d’avoir pu sortir mon premier album, je le vois comme mon bébé.

© Naïs Bessaih


Tu as déjà des nouveaux projets ?

J’ai simplement envie d’écrire. Après avoir fini ma tournée et une fois que je serai dans le bon état d’esprit, je commencerai à travailler proprement sur une nouvelle œuvre.


Tu as travaillé avec les plus grands, mais à chaque fois que tu en parles, c’est comme si c’était simplement le métier.

Je pense que c’est simplement de l’art. Ma musique est de l’art. Peut-être que je peux paraître trop calme lorsque je parle de ces collaborations ? Je ne suis pas le genre de personne à perdre la raison et crier sur tous les toits que je travaille avec Drake ou Kendrick Lamar. Surtout s’il n’y a rien qui se fait au final. Je n’aime pas trop m’exciter.


Des artistes avec qui tu aimerais spécialement travailler ?

Je voudrais travailler avec Solange et Franck Ocean. Ça serait le rêve.


Pour toi, ton début de carrière est un coup de chance parce qu’on t’a repérée. Qui sera l’heureux chanceux repéré par Jorja Smith ?

C’est une bonne question. Je ne le sais pas encore, je n’ai pas vraiment eu le temps d’écouter de nouvelles musiques et de fouiller un peu.

© Naïs Bessaih


Comment trouves-tu la France et son public ?

J’adore ce pays. À chaque fois que je viens, je suis tout le temps occupée tellement il y a de choses à faire. Mon dernier concert à l’Olympia était magnifique, j’en ai aimé chaque minute.


Et Paris ?

J’adore Paris, son architecture avec ses hauts plafonds, ses balcons et balustrades. C’est magnifique. J’y suis souvent venue, mais principalement pour le travail. Je n’ai malheureusement jamais eu assez de temps pour l’explorer. Ce que j’aurais vraiment aimé. En plus j’adore le pain et le fromage – mes pires ennemis.


À pouvoir voyager partout dans le monde, quel endroit t’a plu le plus ?

J’adore New York et son rythme de vie accéléré. San Francisco aussi, jouer là-bas est toujours incroyable. Tokyo, c’était une expérience différente. Je ne suis jamais allée dans un endroit pareil au monde. J’ai très envie de voyager plus, pas simplement pour jouer, mais pour véritablement explorer et vivre de vraies expériences dans différents pays et villes.