Étoile Montante : Praa, les sentiments en pratique

undefined 28 février 2018 undefined 15h50

Victor

Chaque semaine, le Bonbon explore le futur de la culture en vous dénichant tout un tas de pépites qui en font l'actualité. Ayant toujours interprété la culture et la nuit d'une manière large, le Bonbon propose ainsi avec "Étoile Montante" une série ouverte et éclectique sur tous ces talents qui, à travers leurs différents médiums, sont les grands acteurs artistiques de demain. Aujourd'hui, on convoque Praa et son r'n'b dopé à la soul et aux gesticulations électroniques. 


L’éloge à la lenteur d’une artiste qui vit dans un bastion breton, Rennes, loin de Paris, son tumulte et ses gens pressés. Praa, l'intelligence d'une artiste qui n’a pas vraiment l’air de vouloir forcer les choses. Praa, une artiste au parcours somme toute classique qui suit ses rêves et les réalise, doucement. Après des études d’économie à dans la "capitale" bretonne, Marion Lagassat (dans le civil) délaisse les courbes et les chiffres pour s’installer à Paris, où elle suit une formation en médiation culturelle.
“Je suis allée étudier l’économie, où je me suis un peu perdue parce que je faisais déjà de la musique”, m’explique la jeune femme de vingt-cinq ans au téléphone. “Mais ça me déprimait un peu d’être dans quelque chose d’aussi rationnel et froid, et je n’avais pas encore la force pour me lancer dans la musique. Puis je suis partie à Paris et me suis inscrite en fac de médiation culturelle... Ca m’a ouvert les yeux sur plein de choses !”, poursuit-elle.



Comme beaucoup de jeunes de son âge, la passion prend alors le pas sur le reste. Elle quitte l’université et décide de se consacrer pleinement à ses projets musicaux. Rapidement, elle parvient à obtenir le statut d’intermittente, qui lui permet d’être plus sereine par rapport à ses productions.
“Je suis vraiment trop heureuse d’avoir ce statut !”, se réjouit l'artiste. En arrivant à Rennes après son détour par Paris, elle se construit son home studio où elle peaufine ses techniques de production et s’entraîne à la composition. Et découvre la richesse d’une ville où la culture est vraiment prise au sérieux (normal quand on a les Trans’ à côté), “une ville qui bouge à fond au niveau de la musique, avec plein de dispositifs pour aider les jeunes artistes, beaucoup de scènes, aussi bien garage que rock ou bien pop”.

Entre ses mains, la jeune femme accumule rapidement quelques maquettes. Un jeune producteur du nom de Timsters tombe dessus et, ça tombe bien, il vient tout juste de lancer son label, Elephant & Castle. Séduit par la musique de Praa, il lui propose donc de la produire et de la signer dans sa toute jeune écurie. “En plus, il a son studio juste à côté de chez moi, ce qui est assez pratique puisque je retravaille souvent mes morceaux avec lui”. Et, il y a deux mois, Praa sort son tout premier clip, “réalisé par une amie afin de garder ce côté intimiste et humain qui irrigue le clip.” Le morceau s’appelle Modeling Clay et l’on y aperçoit Praa au milieu de plantes, esquissant quelques danses aux gestes lents alors que les lumières froides des néons rayonnent sur un visage bourré d’honnêteté. La voix de Praa, elle, est en apesanteur. 

Un premier clip qui dévoile l’esthétique de l’artiste, une sorte de r’n’b dopé à la soul et aux gesticulations électroniques. Pop et minimaliste, la musique qu’elle déploie sur ce premier morceau est un éloge gracieux à la lenteur du temps, où les mouvements inutiles sont bannis et la rêvasserie, en revanche, plus qu’autorisée. “Visuellement, je suis inspirée par la pop culture mais je préfère  laisser les gens se faire faire leur propre idée du clip, et s’il y a bien sûr un côté froid et retenu, c’est surtout pour laisser à chacun la possibilité de se faire sa propre vision.” Avec, dans la foulée, un deuxième morceau, Do It All Again, lui aussi accompagné d’un clip. Ici, Praa avance plus vite et fait rebondir notre coeur sur les parois osseuses qui le contienne : notre poul file à la vitesse de la lumière et il paraît impossible de le rattraper tant la tension est forte.

“J’avais toute une esthétique à définir et à trouver”, m’explique-t-elle, “mais là où je voulais aller, c’était ce revival des années 90, quelque chose d’un peu crossover, un peu seventies sur les bords, avec de la folk, de la soul ou des morceaux Motown, mais aussi un passage par toutes ces années r’n’b nineties infusées dans des productions électronique plus modernes.” Convoquant Michael Jackson (“le plus grand de tous les maîtres”), Stevie Wonder ou Anderson.Paak (“il a changé ma façon de voir la musique”), la jeune artiste table en ce moment sur la production de son premier album avec comme principale inspiration ce qui la touche le plus, l’humain. “C’est toujours sur l’humain et les relations humaines que je base mes créations. J’adore la sociologie et réfléchir à la place que l’on a par rapport aux autres et comment on interagit tous ensemble.” Interagir avec nos sentiments en deux morceaux, c'est déjà un bon début. 

Le premier album de Praa sortira à l’automne. Si vous ne pouvez définitivement pas patienter, allez donc la voir sur scène le 29 mars : elle se produit au Pop-Up du Label aux côtés de FORM et Miel De Montagne.