La jeunesse parisienne fuit-elle les clubs ?

undefined 2 mars 2018 undefined 14h55

Victor

Le tableau de la nuit parisienne est contrasté. D'un côté, de nombreux clubs qui renouvellent constamment la donne de la fête à Paris ; de l'autre, un nombre sans cesse grandissant d'événements "hors-club" qui se déroulent dans des warehouses, des squats, des entrepôts, des parcs, des parkings et des bâtiments désaffectés. Un tableau contrasté qui, sans vouloir tomber dans la simplicité, dresse Paris contre la banlieue, ou plutôt les jeunes de Paris qui s'en vont teuffer en banlieue. En fait, ce débat semble quelque dépassé. Plutôt que d'opposer les clubs aux autres fêtes, pourquoi n'en pas faire les deux faces d'une même médaille ? Malgré tout, des problèmes persistent, tant au niveau du public que des organisateurs, sans oublier les pouvoirs publics - le monnayeur indispensable à la réussite des différents projets festifs. La jeunesse parisienne fuit-elle vraiment les clubs ? Là n'est peut-être pas le vrai problème.

Ca ne fait même pas deux heures que nous sommes passé à 2017. Nous sommes à Asnières et il fait un froid de canard. Vers 1h30 du mat’, une armée d’hommes en armure entrent en scène, armés de matraques et de casques. A l’intérieur du spot investi par le collectif Distrikt et plusieurs centaines de danseurs pour fêter cette nouvelle année, tout s’est fait trop rapidement : sabrer le champagne, puis stopper la fête. Aux mille sourires succèdent donc le retour vers la sortie. L’ancienne imprimerie utilisée par les organisateurs pour y célébrer la nouvelle année se vide lentement ; la fête est finie, rentrez-chez vous, il n’y a plus rien à voir - il faudra attendre la prochaine fois.

Il est assez commun de dire que la fête est l’expression de l’éphémère. A 6h, les lumières s’éteignent et la grande majorité des fêtards est déjà rentrée chez elle. Avec la répression, les choses peuvent même aller beaucoup plus vite. Pourtant, au-delà de la répression, on peut constater une chose : de plus en plus de jeunes s’éloignent des clubs pour faire la fête. Réputés plus sûrs et mieux contrôlés, les clubs sont pourtant un canal essentiel de la culture nuit. Alors comment expliquer qu’aujourd’hui, à Paris, de plus en plus de jeunes cherchent au-delà des clubs la joie et l’ivresse ? Les projets de teufs dans les hangars, dans les squats, en plein air ou dans les souterrains se multiplient et il n’est pas un week-end sans que les possibilités pour s’échapper des clubs se réalisent.


Pourtant, les clubs ne sont pas du tout périmés. Tout comme les fêtes “libres” (avec beaucoup de guillemets tant la diversité des fêtes estampillées "libres" est importante), les clubs poussent comme des champignons. Depuis l’arrivée de Concrete dans le paysage de la musique électronique (et son effort important pour dynamiser la scène), le public s’est massifié et les projets pour capter les nouvelles aspirations de celui-ci se sont donc développés conjointement. Il semblerait alors que le paysage nocturne parisien se retrouve pris en tenaille entre deux conceptions divergentes de la fête. D’un côté, les fêtes libres ; de l’autre, les fêtes en club. Est-ce la réalité ? La jeunesse parisienne fuit-elle les clubs ? Pour y répondre, nous avons demandé à plusieurs parisiens, professionnels ou public, de témoigner de leurs expériences. Et leurs propos invitent plutôt à repenser l’équation.

L’herbe est toujours plus verte ailleurs

Dans la bouche de ceux qui ne mettent plus un pied en club, un mot revient souvent : liberté. Il semblerait que le paysage clubbing parisien soit en effet de plus en plus contrôlé, contraint, empêché et hostile. Certains ne retrouvent plus du tout en club l'esprit de la fête, d’ailleurs : “J'y ai pris sacrément mon pied, rien à dire, mais c'est bien terminé. L'ambiance soit disant fiévreuse de la nuit parisienne a pour moi disparue. Aujourd'hui, quand on m'y traîne, je me heurte au sale combo d'une sécu' qui harcèle les gens pour une clope ou un taz, aux gens méga foncedés qui bousculent tout le monde d'un air arrogant et à une musique qui me donne envie de chier dans ma main et d'écrire mon prénom sur les murs avec.” s’explique Georges Vronsky, co-fondateur de La Carte Son, un média qui vise à explorer la culture électronique locale et qui avait notamment publié un article enjoignant les jeunes à sortir des clubs. Il a depuis arrêté de fréquenter les clubs parisiens : “Je suis un peu radical certes, mais ces lieux remplis de caméras, de sous-keufs et de prix exorbitants sont oppressant : là-bas, la fête n'existe plus., continue le jeune homme de 23 ans.

C’est vrai que l’environnement du club, comme celui du spectacle vivant dans son ensemble, est extrêmement contrôlé et que la plupart des salles sont obligées de répondre à un nombre sans cesse grandissant de normes si elles veulent continuer leurs activités. D’autant plus lorsqu’elles veulent se mettre en règle, avec la SACEM par exemple. Les salles qui ne peuvent pas répondre aux règles imposées par la législation, souvent faute de moyens, sont souvent condamnées à la fermeture, comme l’exemple de La Mécanique Ondulatoire l’a cruellement montré. Et celles qui peuvent se permettre de dépenser des sommes pour se mettre aux normes n’y vont donc pas avec le dos de la cuillère, de peur sûrement de se voir remercier temporairement par les autorités - comme c’est arrivé récemment au Baby Club ou à La Machine. Mais ont-elles vraiment le choix ?

En juillet 2016, le gouvernement a confié au préfet Hubert Weigel une mission pour la sécurisation des manifestations culturelles. En est sorti un document explicitant les bonnes pratiques à adopter et les responsabilités de chacun, avec un point essentiel : l’organisateur est responsable devant la loi de la sécurité de sa manifestation, et c’est donc à lui d’assumer les conséquences juridiques en cas de manquement à la sécurité du public. Ce qui, en terme budgétaire, revient à embaucher un agent de sécurité pour cent spectateurs. A titre d’exemple, Les Vieilles Charrues dépensent un million d’euros pour leur festival, sur un budget total de seize millions d’euros. Pour les festivals, mais aussi pour les clubs, ce surcoût sécuritaire n’est clairement pas à négliger - et c’est devenu peut-être pire avec l’état d’urgence permanent auquel nous sommes aujourd’hui confronté. 

“On ne peut pas les mettre tous dans le même sac, certes, mais à Paris en tout cas je n’ai jamais été satisfaite de mon expérience en club. La sécu trop stricte, le public trop jeune (et trop bourré), les prix trop élevés, les salles et les progs qui se ressemblent trop, la liste est longue. Je ne sors plus en club que pour aller voir les copains jouer, sans ça je n’y mettrais pas les pieds”, m’explique Nissa, co-fondatrice de Mermaid Express (une frippe itinérante et un sérieux catalyseur festif) et qui a commencé à sortir au Social Club et aux Planches (comme beaucoup) avant de se diriger vers “les grandes institutions comme La Station - Gare des Mines, le Péripate ou le Chinois, les petits squats, les caves à l’accès ultra-restreint, les hangars à usage unique, et d’autres lieux tous plus improbables les uns que les autres”.



Justement, les clubs parisiens présentent une diversité qui empêchent clairement de les qualifier sous un même étendard. Depuis peu, aux portes de Paris ou en banlieue poussent des structures hybrides - tiers-lieux, salles de concert et clubs alternatifs - qui redéfinissent la carte de la nuit parisienne (mais surtout en banlieue),avec un très bel article publié à ce sujet par le magazine Antidote. Evidemment soumis aux normes de sécurité et à la législation en vigueur, ils n’en demeurent pas moins des espaces hors-normes où la plupart des collectifs libérés de la capitale y organisent leurs fêtes, structurant par-là un nouveau public qui fuierait certains clubs, plus classiques, pour en réinvestir de nouveaux.

La fuite a ses raisons

“Maintenant, les gens sont capable de prendre une prévente pour une soirée en warehouse dont ils ignorent le line-up mais surtout le lieu, et ce jusqu'au jour-même de l’événement !” m’explique Bassam, co-fondateur des événements Distrikt, qui ont vu le jour en le 31 décembre 2015. “Ces événements, plutôt que de les dissuader, créent un sentiment d'aventure et d’excitation qui se traduisent, par la suite, par une ambiance incomparable. La cause de cette "fuite" est à mon sens due au sentiment d’oppression que subit le public en club”, poursuit-il. Car depuis quelques années, Paris connaît un mouvement sans précédent de teufs alternatives qui essaiment en banlieue, dans des warehouses dont l’adresse est dévoilée le jour-J. Et avec un nouveau public, évidemment.

Est-ce à dire que les clubs soient devenus chiants ? Peut-être pas. C’est plutôt qu’ils n’ont pas la même mobilité qu’un organisateur de soirées qui, lui, peut faire de l’urbex et changer de lieu à chaque événement. Un club, au contraire, est ancré dans un territoire. Et c’est peut-être ce qui fait aussi sa force. Il y aura toujours des clubs de quartier et ces clubs-là auront toujours leur importance. Si tu ne veux sortir que deux heures, tu n’as pas trop le choix, parce qu’avec les lieux alternatifs, c’est difficile de s’y rendre la semaine !” m’explique Daniel Weil, directeur artistique du Garage. “Ce sont des endroits où tu sais à quoi t’attendre et pour lesquels tu développes, in fine, une espèce d’attachement. Ton club, c’est un peu comme ta maison !” Car il est vrai que les lieux alternatifs ont ce côté hyper-éphémère, ce qui fait leur force et parfois aussi leur faiblesse. Mais pour beaucoup, le jeu en vaut vraiment la chandelle.


“Faire de l'urbex, découvrir chaque semaine de nouveaux lieux en écoutant du gros son, je pense qu’il n’y a rien de mieux ! Et surtout, avoir la liberté de pouvoir tout créer de A à Z souligne Alex Dréan-Gaillard, co-organisateur des soirées La Quarantaine, une teuf techno orientée rave qui a mobilisé plus de deux mille personnes lors de sa dernière édition. Evidemment, il y a des risques, et c’est bien là tout le problème des soirées alternatives. Car la plupart des organisateurs sont jeunes et pas souvent au fait d’une législation française parfois beaucoup trop complexe en matière de spectacle vivant.

“La contrainte majeure est de trouver le lieu et tous les prestataires afin de l’aménager convenablement pour recevoir du public. Le risque est qu’installer tout cela le jour même est très difficile et risqué car on ne peut pas tout tester et prendre en compte tous les facteurs qui pourraient gâcher l’événement. Par exemple, on a perdu le lieu où devait se dérouler notre anniversaire deux jours avant l’événement et, du coup, on a dû en trouver un autre puis le réhabiliter en une journée pour le rendre safe, enlever les gravats, faire du rajout de barrières…” Et tout cela évidemment a un coût, non négligeable pour des structures qui, le plus souvent, ne sont que pas ou peu professionnalisées.

La jeunesse parisienne fuit-elle les clubs ? C’est une question très complexe qui part du postulat que les clubs ne seraient plus pertinents pour une grande partie du public. Or, ce n’est pas le cas. Les clubs existent toujours et se portent plutôt bien. Il ne semblent d’ailleurs pas prêts de disparaître. Bassam : “Les clubs font partie de l'ossature de la culture dédiée à cela, le clubbing. Sauf que l'aspect commercial biaise l’esprit derrière cet idéal de départ. Néanmoins, il y a toujours des club qui arrivent parfaitement à allier les deux et qui sont une référence en la matière. Je pense notamment au Rex Club, à Concrete et au Badaboum qui, pour moi, participent chaque jour au rayonnement de la scène électronique”. Consumérisme exacerbé ou développement de la culture ? Le club est un espace-tampon où les problématiques économiques sont peut-être plus englobantes qu’ailleurs. Et le risque de faire un four, c’est à dire d'avoir une salle presque vide, n’est évidemment jamais absent. En fait, la question d’une désaffection d’une partie du public parisien pour les clubs pourrait être plutôt à chercher ailleurs.

Complémentarité plutôt qu’opposition

D’un côté, des clubs qualifiés d’oppressant, souvent chers et assez fades. De l’autre, des clubs qui sont l’un des rouages essentiels du rayonnement culturel grâce aux artistes qu’ils bookent et font vivre. Ces deux qualificatifs souvent se regroupent. Autour, des jeunes qui ne trouvent plus leur bonheur dans les clubs mais qui n’hésitent pas à y revenir régulièrement. “Les offres "hors-club" aujourd'hui répondent plutôt à un besoin de liberté et de fêtes moins cadrées. Il y a de superbes événements hors-club, organisés par des gens passionnés et compétents, mais pas mal aussi par des gens qui surfent juste sur cette vague, pas forcément pour les bonnes raisons, et pas forcément avec le bagage nécessaire. Ca se voit sur beaucoup de programmations sans âme, et sur pas mal d'identités visuelles copiées collées. Comme partout, il y a du très bon, et du beaucoup moins”, selon Brice Coudert, directeur artistique de Concrete. 



Faudrait-il plutôt parier sur la complémentarité des deux types d’événements ? Encore une fois, comme le confirme Brice, “2017 a été une année hyper dense en terme d'events en warehouse à Paris. Pourtant, c'était l’une de nos meilleures années à Concrete.” Plutôt que de dire que la jeunesse parisienne fuierait les clubs, ne devrait-on pas dire que la jeunesse sort de plus en plus notamment grâce au travail que certains clubs, comme Concrete ou le Rex par exemple, ont accompli au cours de ces dernières années ? En éduquant un public à la fête, ces clubs ont peut-être appris au public à apprécier un certain type de musique qui s’exprime désormais dans une multitude d’endroits. Tout en partant du principe qu’il y a évidemment du bon et du moins bon partout - en club comme en-dehors des clubs.

“Même si le club ne peut pas répondre à tous les besoins parce qu’il se trouve dans l’obligation de suivre certaines règles, il reste partie intégrante de la culture house et techno. Cette opposition déjà existé auparavant entre les raves et les clubs, mais que serait devenu la musique électronique si le Rex, par exemple, n'était pas resté debout toutes ces années ? Dans les années 2000, où aurait-on écouter de la house soulful, alors que ça n'était plus du tout à la mode, si le Djoon n'avait pas résisté ? Les clubs apportent une stabilité nécessaire à la scène, tandis que les événements hors-club lui apportent du dynanisme. Mais les deux sont nécessaires”, poursuit Brice. 

Peut-être que le problème n’est pas le club en lui-même, mais la façon dont il s’est construit à Paris. Ou plutôt la façon dont il est contraint d’exister, entre problèmes de voisinage, espace restreint inhérent à cette ville à forte densité de population et législation lourde qui impose beaucoup de choses aux établissements culturels. Et ce n’est certainement pas le décret de 2017 relatif à la prévention des risques liés aux bruits et aux sons amplifiés qui va arranger les choses puisque, pour certains, ce décret empêchera les clubs de proposer une expérience suffisante pour le public, vu que leur activité est justement basée sur la musique amplifiée. “C’est super qu’il y ait beaucoup d’événements hors-club et que ça se développe. Il faut des gens pour y aller et les faire vivre mais, ce qui est triste, c’est d’arriver à un tel niveau qu’on ait besoin de ça pour faire la fête”, livre encore Daniel Weil en pointant du doigt certains voisins européens où la fête libre a plus de latitude pour se développer à l’intérieur même des clubs - Berlin et Amsterdam en tête.



Finalement, le topo n’est pas aussi simpliciste que club/hors-club. Les clubs sont des espaces de formation musicale où une frange importante du public a façonné ses oreilles et où la fête battra toujours son plein car ils sont faciles d’accès, bien équipés, peu soumis à des annulations de dernière minute - sauf si la Seine décide une nouvelle fois de s’échapper de son lit habituel. Les fêtes alternatives, quant à elles, permettent à la vie culturelle de s’échapper, toujours selon les règles de l'éphèmre, des clous législatifs et des barrières normatives. Plus libres, certainement, mais aussi plus risquées, surtout du point de vue de l’organisateur, en proie à des lieux souvent insalubres qu’il doit nettoyer, à un risque d’annulation de dernière minute et à des moyens souvent très DIY - ce qui fait, il faut bien le dire, tout le charme de ces événements.

Un problème politique ?

C’est pourquoi, récemment, un syndicat des organisateurs culturels pour une fête libre et engagée a vu le jour. Rassemblant tout un panel d’organisateurs d’événements qui se déroulent en-dehors des clubs, le SOCLE se propose d’unir tous ces organisateurs afin « de parler d'une seule voix pour pouvoir collaborer plus efficacement avec les pouvoirs publics et préserver, dans cet univers de plus en plus dur et normé qui constitue notre quotidien, ces bulles de poésie que nous essayons de former dans nos fêtes ». Une initiative salutaire qui pose clairement la nécessité, pour les organisateurs d’événements hors-club, de dialoguer intelligemment avec les pouvoirs publics.

“On veut tout simplement se réunir pour avoir une communication plus fluide avec les pouvoirs publics, qu’on nous prenne plus au sérieux et nous accompagner plutôt que de chercher sans cesse la confrontation. En fait, on veut s’entraider entre nous, mieux se connaître, mettre en commun nos connaissances et nos moyens et se donner des conseils pour ne surtout pas reproduire le schéma des années 90 où nous étions tous en concurrence m’explique au téléphone Antoine Calvino, journaliste chez Trax et au Monde Diplomatique, militant pro-actif de la fête libre à Paris et initiateur, avec quelques autres, du SOCLE. Comme beaucoup d’organisateurs de fêtes “libres” (ici, comprenez donc hors-club), Antoine reproche aux pouvoirs publics de changer d’avis comme de chemise dès lors qu'il s'agit d'autoriser un événement : “les commissions de sécurité rendent parfois des jugements arbitraires et parfois les différentes administrations se contredisent… Le conseil départemental va nous soutenir mais la mairie va changer d’avis, ou bien la préfecture va envoyer une commission de sécurité qui va arriver au dernier moment… On aimerait juste que tout ça soit plus coordonné et que ce fonctionnement soit plus harmonieux” 

Si l’on part du postulat de la complémentarité des deux modèles (club et hors-club), il serait donc de bon aloi de reconnaître aux fêtes qui se développent dans des espaces alternatifs aux clubs le droit d’exister sans entrave et d’être définitivement reconnue par les pouvoirs publics. “Avec les clubs, on se complète. Mais l’essence de la techno, c’est la fête en liberté. Nous on se situe plus dans la continuité des raves sans aller jusqu’au modèle de la free party, car on est prêt à rentrer dans les clous. On aimerait juste pouvoir collaborer avec les pouvoirs publics pour développer l’aspect légal de nos fêtes” poursuit Antoine, qui souligne aussi l’aspect profondément progressiste de certaines fêtes alternatives, entre réduction des risques environnementaux et sonores, mise en avant de la scène locale, recours au bénévolat, valorisation de l’économie locale et refus des logiques commerciales à tout prix afin de garantir au plus grand nombre une fête accessible et conviviale.

Antoine : “On veut avoir accès plus facilement à des friches, des parcs et des entrepôts… L’idée est d’avoir plus d’espace. Et faire ça en collaboration avec les pouvoirs publics… Car le jeu du chat et de la souris, ça suffit, on a assez donné.” Car au-delà du manichéisme inhérent à la question posée dans le titre, il est aujourd’hui incontestable que la jeunesse parisienne est suffisamment libre et volatile pour vouloir accéder à tout un tas d’espaces festifs différents, clubs ou pas clubs. Avec l’appui et la volonté de toutes les parties en présence et dans le cadre du développement d’un Grand Paris rêvé par beaucoup, on pourra alors éviter ce qui est arrivé à la capitale au début des années 2000 : un grand désert de la fête.