Faut-il interdire les portables en soirée ?

undefined 10 avril 2017 undefined 00h00

Agathe

Y’en a marre de tous ces gens qui passent plus de temps derrière leurs téléphones à enregistrer la soirée dans laquelle ils sont plutôt qu’à vraiment la vivre. Oui, ton compte insta’ est super stylé et tu récupères des ID par centaines grâce à des vidéos de quelques secondes, mal cadrées, en festoche. Maintenant stop, ça a assez duré. Pour mettre le holà, le Blitz –  un club qui ouvre à Munich le 22 avril prochain –  interdira tout bonnement les mobiles dans ses locaux. Alors, comme les Allemands, faut-il aussi bannir les téléphones portables en soirée ?


Apple
avait délivré un brevet dans cette optique, il y a de cela près d’un an, pour faire en sorte que le son ne puisse être enregistré par leurs téléphones lorsqu’à proximité d’un certain volume sonore, comme en concert ou en club. Face aux performances artistiques, la créativité, le droit artistique et la non-diffusion débridée sur les internets devaient ainsi être préservés. Une chouette idée, en soi.

Nombre de clubs dans le monde ont déjà pris la décision d’interdire les cellulaires, comme beaucoup de clubs berlinois, dont le mythique Berghain, par exemple. Une vision largement démocratisée dans le pays, la prochaine ouverture du Blitz le montrant parfaitement. Cependant, chez nous les petits Français, c’est la folie du phone-tel. Peu importe l’endroit, l’événement ou la population, il y aura toujours un conard scotché à sa caméra de fortune pour ne pas perdre une miette de l’événement qu’il observe, sans pour autant y prendre part.

Une armée de bras levés se tend sans chanceler devant le Dj, à peu près tous les soirs, tout le temps, partout. Terrifiant. Cependant, le plus terrifiant, c’est que moi, comme toi, faisons partie de cette secte panurgique abreuvée à l’image numérique plutôt qu’au souvenir substantiel.  

Certaines soirées underground près de la capitale n’autorisent déjà pas les téléphones, plaçant des stickers sur les objectifs des smartphones, pour la paix des esprits. Le Silencio, dans ses premières années, était également plus strict à ce sujet. Mais ce phénomène n’est qu’anecdotique et participe d’une nuit qui se veut secrète et met donc tout en œuvre pour le rester. 

Bien sûr, lorsqu’on sort, c’est pour regagner une liberté de faits et gestes presque totale. Aussi, avoir le droit de dégainer son téléphone lorsqu’un son ou une performance nous semble le mériter, paraît naturel. De la même manière, les images et vidéos d’une soirée, après coup, profitent à la com’ du lieu : regardez ce que vous avez raté, regardez comme c’est chan-mé.

Il s’agirait donc de trouver un juste milieu. Eduquer les masses à l’essence de la culture club qui ne pousse pas à étaler la teuf comme un produit consommable à l’infini sur les réseaux sociaux, par exemple.

A la question faut-il bannir les téléphones portables en soirée, je répondrai donc, et sans hésiter, oui. Ne serait-ce que pour créer un électrochoc aussi violent que le phénomène débile de base qui pousse les uns et les autres à snaper jusqu’à ce qu’épilepsie s'ensuive.

Range ton tel, ça t’évitera de le faire tomber des les chiottes. Pour une nuit libre de hashtags et de clichés ratés : on dit oui !