Critiques constructives #1 : une soirée à Nos Ancêtres Les Gaulois

undefined 21 avril 2016 undefined 02h00

Hillel Schlegel

Parce qu'il est de notoriété publique que les recommandations TripAdvisor, LaFourchette et Yelp, c'est du ratafia pondu par des algorithmes-restaurateurs, Le Bonbon Nuit a décidé de redonner ses lettres de noblesse à la critique gastronomique, la vraie. Pour ça, il faut aller sur le terrain, à la rencontre des vrais Français : ces hommes et ces femmes qui, chaque jour, défient le Réel et repoussent les Frontières de l'Impossible au gré de leurs pérégrinations dans ces adresses mythiques qui jalonnent notre ville-lumière. Éoukonentrouve, du vrai Français  ? Surprise : y'en a plein au bureau ! Cette semaine, il s'avère que notre Roro national s'est pointé un chouille patraque à la rédac' le mardi matin. Alors il nous a raconté son lundi soir. Vous avez toujours voulu savoir comment ça se passe, un p'tit resto entre potes à Nos Ancêtres Les Gaulois, lieu de légende s'il en est ? Notre témoignage ci-dessous.

 

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"Notre histoire commence lundi dans la journée. C'était l'anniversaire d'un pote, donc on prévoit d'aller se faire un petit resto tous ensemble. D'un commun accord, nous jetons notre dévolu sur Nos Ancêtres Les Gaulois, la fameuse taverne à ripaille de l'Île Saint-Louis. Pourquoi là bas ? Parce que les entrées et la charcuterie sont à volonté, et bien entendu parce qu'on y sert du bon vin rouge à discrétion ! Vu qu'on forme une sacrée team d'animaux avec les copains, c'était parfait pour nous. On avait pris rendez-vous à 20h devant l'enseigne, mais comme j'en avais marre d'être au boulot j'ai décidé de partir à 19h, du coup je suis arrivé un peu en avance. Y'avait encore personne sur place, alors j'ai pris deux petites pintes et j'ai commencé par me mettre bien, posé au soleil sur un pont en attendant que le gros des troupes débarque.

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Ils finissent par arriver, on rentre, on s'installe. On entame directement les hostilités, bien entendu : on n'avait pas encore pris une seule bouchée qu'on commence tous par se servir d'affriolants petits godets de rouge. La soirée se déroule posément, on enchaîne cul-sec sur cul-sec parce que pourquoi se priver quand ça régale à l'oeil ? Forcément, assez rapidement, nous devenons un poil bruyants : ça y est, on se réveille. Nous nous faisons alors interpeller par une grande tablée, une quinze-vingtaine de militaires à côté de nous. Oh, ils veulent jouer ! et ils font un peu les malins. On adore ça, donc on décide spontanément de les prendre en concours de culs-secs, à grands coups de chansons paillardes et autre conneries à boire du style "c'est à bâbord qu'on gueule le plus fort". Les mecs sont chauds ! Bon, d'un seul coup, il y a un zigue de chez nous qui calme tout le monde : c'est notre pote dont c'était l'anniversaire - appellons-le Momo - qui juge que c'est le bon moment pour faire son intéressant. Il refuse de prendre un verre cul-sec comme tout le monde ; il décide de faire un pichet cul-sec. Carrément. En face, ça ne suit plus. On a gagné. Ragaillardis par cet élan d'impunité, on continue à faire n'importe quoi de plus belle. Résultat : en cinq minutes, le bouzin tourne à la bataille de bouffe.

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Je me prends d'ailleurs assez rapidement un pâté dans l'oeil. Pendant que je m'essuie la joue, je me fais niquer par la blague la plus vieille du monde : mon pote de gauche me dit "mec c'est horrible, la sauce des patates elle pue trop, téma". Du coup j'approche ma tête de mon assiette, je dis "ah bon" et comme de bien entendu je sens une main arriver par derrière. Je me fais éclater la tête dans l'assiette de pommes de terre. Du côté des restaurateurs, ça commençait à faire un peu la gueule. La bouffe qui vole se mute en bataille rangée. À ce stade, nous sommes tous convenablement alcoolisés, alors avec mon meilleur pote nous décidons d'aller aux chiottes (tout le monde sait qu'au restaurant, on pisse à deux sinon rien). En bon gentlemen, on croise nos jets mais tout-à-coup, mon compagnon commence à se sentir pas très bien. Il lâche presto une énorme galette de rouge en plein sur les chiottes - enfin largement plus à côté qu'à l'intérieur. Notre affaire terminée, on repart comme si de rien n'était et on continue à s'enquiller des verres. La bataille de bouffe s'éternise un chouïa. Le tenanciers du resto commencent à capter qu'on forme une flopée de mongoliens complètement ronds et nous conseillent abruptement de ne pas jouer avec la nourriture. L'un d'eux grille alors l'état des sanitaires. La sanction est immédiate : ils veulent nous priver de dessert ! Forcément, notre tablée s'insurge - nous réclamons à corps et à cris notre mousse au chocolat réglementaire. Las de constater que leur stratégie psychologique pour nous faire dégager n'est pas du tout efficace, ils finissent par capituler et nous servent nos friandises. Autant vous dire qu'on se bâfre ça vite fait et qu'on ne tarde pas trop à les régler, puisque nous sommes gentiment invités à rentrer chez nous.

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L'histoire ne se finit pas là pour tout le monde ; ce serait un peu nul sinon. En tout cas, pour moi ça continue encore un peu, parce qu'il apparaît alors clair que j'ai bu deux ou trois bouteilles de trop. A la sortie, on attend les derniers à l'intérieur, on ne sait pas ce qu'ils foutent mais une chose est sûre : 100% des forces en présence sont complètement torchées. Moi, ça me casse les bonbons, donc je décampe sans tarder vers la bouche de métro. Je prends ma rame et je me rends compte en racontant cette histoire qu'à ce moment-là, je n'étais en réalité pas loin du black-out. J'ai un petit trou de mémoire, on va dire. Je suppose que c'est autour de 10 minutes / un quart d'heure plus tard que je me réveille dans mon wagon. Problème : je me sens pas super bien. Toute la bonne récolte du soir commence à fermenter dans mon petit organisme d'ordinaire pourtant si résistant. Je me retiens tant que faire se peut et je me lève d'un coup du carré où je m'étais foutu, en attendant que la porte s'ouvre le plus vite possible à la station suivante.

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Le métro s'arrête. Je marche d'un bon pas en direction d'un couloir et j'attends que les personnes derrière moi passent leur chemin. Impossible de me retenir plus longtemps. Je pose une main contre le carrelage mural et ce qui devait arriver arriva : je lâche un colossal gâteau à étages sur le sol. De la belle ouvrage, vraiment. Un peu sonné, les yeux vitreux et trempé des larmes accompagnant toute conséquente expulsion de matière, j'essaie de reprendre un tantinet mes esprits. Je décide alors de faire acte de courage et de me rediriger vers le métro. C'est ici que survient notre drame final : j'engage le pied droit dans mon vomi et j'effectue une magnifique glissade en arrière, m'étalant dedans sur le dos avec mon sac, mon manteau, mon jean et tout le saint-sacrement. Je fais un petit peu le point sur ma vie pendant quelques secondes. Je me redresse tout dégoulinant et continue mon périple vers mon humble logis, dans un état de puanteur et de cradité véritablement inouï. C'était, littéralement, le proverbial 'walk of shame'. Voilà, c'est la fin de mon histoire. C'était mon lundi soir à Nos Ancêtres les Gaulois."

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LA NOTE FINALE :

Accueil :            ★★★★☆ Service :            ★★ Rapidité :          ★★★★ Qualité/prix :   ★★★ Propreté :         ★★★★★ à notre arrivée, ☆ après Ambiance :       ★★★★

 

L'appréciation de Roro : "Ce lieu est génial, il y avait même un troubadour qui chantait tout du long ! Ça nous a gardé hyper-motivés pendant toute la soirée, c'était tip-top."