[INTERVIEW] Vincent Lacoste, papa cool

undefined 7 novembre 2018 undefined 16h00

Louis Haeffner

Dans le nouveau et très beau film de Mikhaël Hers Amanda, Vincent Lacoste se retrouve subitement seul responsable de sa nièce, une petite fille de 7 ans. Si on croise de plus en plus son sourire malin et son allure un peu dégingandée au cinéma, l’homme est à l’image de l’acteur : un type cool qui ne se prend pas au sérieux, mais dont la maturité surprend autant qu’elle séduit. On a donc alterné questions cons et plus sérieuses, histoire d’en savoir un peu plus sur le futur acteur préféré des Français.


Amanda
est un très beau film, qui traite du deuil, un sujet grave. Ton personnage, David, passe brusquement d'une certaine forme d'insouciance aux responsabilités qui vont avec l'âge adulte. Est-ce que cette transition est la même pour ta carrière ?

Non c'est différent, déjà parce que moi je ne traverse de deuil du tout en ce moment. Par contre ce qui est intéressant c'est qu'on commence à me proposer des choses un peu différentes donc je suis assez content. Après il n'y a aucune gravité là-dedans, et je n'ai pas spécialement envie de ne faire que des énormes drama à partir de maintenant, moi je veux continuer à faire des comédies.


Comment s'est passée ta collaboration avec Isaure Multrier, 7 ans, qui joue le rôle d'Amanda ?
 

C'était hyper bien. J'étais un peu stressé à l'idée de tourner avec une enfant parce que je n'ai pas vraiment d'enfants autour de moi, je n'ai pas de nièce ou de frère... Du coup c'était pas mal pour le film car le personnage lui-même ne sait pas vraiment comment faire avec sa nièce. Moi j'étais un peu pareil en fait, je ne savais pas si je devais être le tonton un peu marrant ou alors le gars sérieux qui s'occupe de son éducation. En fait c'était assez facile parce qu'elle était très naturelle, vachement à l'écoute, hyper spontanée, donc c'était très agréable de bosser avec elle.


Dans Amanda tu es un fan de tennis, est-ce un clin d'œil à ton nom, Lacoste, et as-tu un lien de parenté avec Jean-René Lacoste, fondateur de la marque ?

Malheureusement je n'ai absolument rien à voir avec eux, mais ils m'envoient des mails pour les fêtes... du coup je reçois des mails de la famille Lacoste pour Noël et pour la nouvelle année : « Bonne année à tous les Lacoste ». Et sinon non, je suis très mauvais au tennis, j'ai des genoux extrêmement pourris donc dès que je joue au tennis je me casse un truc. J'aime bien regarder hein, mais je n'ai jamais vraiment joué.

© Naïs Bessaih


On t'as pas mal vu au ciné cette année, dans des rôles assez différents, je pense notamment à Plaire, aimer et courir vite où tu joues le rôle d'un jeune étudiant qui découvre sa sexualité, ou  plus récemment à Première année ou là tu es plus dans un registre comique. Tu préfères quoi ? Drame ou comédie ?

J'aime bien les deux. Très sincèrement, j'aime le cinéma en règle générale donc j'aime bien les deux. Après à jouer, j'aime vachement la comédie, j'aime même quand il y a de la comédie dans des choses plus sérieuses. J'aime bien mélanger les deux en fait.


Ok. Pas trop Nouvelle Vague du coup quoi.

Ben Nouvelle Vague c'est vachement ça au contraire, enfin c'est marrant quoi. Les films de Truffaut, y'a toujours un ressort un peu comique. Jean-Pierre Léaud déjà, L'acteur de la Nouvelle Vague, même s'il a fait des films assez âpres, il est toujours quand même assez marrant. C'est pas des méga-comédies, mais il y a quelque chose de charmant si tu veux.


Entre une scène de sexe et une scène de pleurs, tu choisis quoi ?

(Rires) Une scène de sexe en pleurant, ça pourrait être un bon concept. Un coït extrêmement triste, ou alors extrêmement heureux, pleurant de joie, une jouissance qui fait pleurer... sinon ce serait un peu pervers en fait (rires).


David, ton personnage, a 24 ans et cumule différents petits jobs, sans avoir l'air de trop s'inquiéter de la suite. Est-ce que ce personnage te semble représentatif de la jeunesse actuelle ?

Ce n'est pas exactement ça, c'est plutôt un personnage qui se cherche. On ne sait pas forcément ce qu'on veut faire à 24 ans. Je pense que c'est extrêmement dur... le monde du travail me semble extrêmement violent, et j'ai la sensation qu'on n'a pas vraiment le temps de choisir notre voie, on nous demande de choisir hyper tôt, et au final je pense qu'il y a énormément de gens qui se rendent compte plus tard qu'ils ne font pas ce qu'ils veulent faire. Le monde du travail, pour moi, c'est un milieu hyper compétitif dans lequel on est balancé très jeune, de plus en plus jeune...

© Naïs Bessaih


Et tu n'as pas l'impression que justement la jeunesse refuse cet état de fait ?

Chacun le vit comme il veut, mais en tout cas tout le monde est confronté à ça, à cette forme de violence qui nous oblige à nous placer. Je ne sais pas comment dire, je trouve que tout, aujourd'hui, demande une dose de travail assez hallucinante.


Tu as réussi à jouer un rôle d'étudiant à 4 ans d'intervalle, tu es même censé être plus vieux dans Hippocrate que dans Première année. Est-ce que tu comptes te mettre à vieillir un jour ?

Bien sûr. Malheureusement, je vieillis tout seul, d'ailleurs tu vois, la moustache, on dirait que j'ai 35 berges (rires). En fait non, moi j'aimerais bien avoir une petite télécommande qui me permettrait d'arrêter de vieillir... après faudrait pas se tromper d'âge quoi. Rester à 25 ans ouais, pas plus jeune parce que j'aimais moins, mais là maintenant ça commence à être pas mal, donc 27 un truc comme ça, ça doit être bien ça.


David dit un moment à sa sœur « Oh tu sais moi l'anglais... ». Quel est ton réel niveau en anglais ? Est-ce que tu vises une carrière internationale ?

(Rires) Heu... j'en sais trop rien, ça m'intéresserait de faire des films à l'étranger. Après moi je parle – je pense – mieux anglais que David (son personnage, ndlr), parce que j'ai pris des cours d'anglais. A l'école j'étais extrêmement nul, mais ensuite j'ai passé un peu de temps à Londres, ça m'a bien aidé évidemment. Après je verrai, s'il y a un film qui m'intéresse et que j'ai l'opportunité d'en faire un, ça m'intéresserait oui, bien sûr.


Amanda
est un film qui traite beaucoup de Paris, notamment de sa beauté normale, banale, celle qu'on ne remarque plus. C'est exactement ce Paris-là que je t'imagine affectionner, est-ce bien le cas ou es-tu plus du genre à fréquenter les endroits huppés ?

Non carrément c'est tout à fait ça. Le film se passe beaucoup dans le 11e, le quartier où j'habite, on tournait tout le temps à côté de chez moi, c'était pratique. Vers Faidherbe, j'aime beaucoup, déjà parce qu'il y a de bons restos, mais après pour être honnête, c'est un peu branché aussi quand même. Après habiter sur les Champs-Élysées par exemple ou même y sortir, ça a très peu d'intérêt je pense. Tout le monde déteste les Champs-Élysées en fait (rires).

© Naïs Bessaih


Question con, et pourtant essentielle : c'est quoi ton film préféré ?

Un seul film préféré c'est dur, mais j'aime beaucoup La fièvre dans le sang d'Elia Kazan.


Est-ce que tu vas participer à la Marche pour le Climat samedi ?

(Très sérieux) Évidemment. Je ne suis pas engagé politiquement pour l'environnement mais je pense que c'est quelque chose dont tout le monde doit se soucier.


Quel est ton remède pour la gueule de bois ? Et contre ?

En ce moment à l'apéro j'aime bien Campari-soda, parce que j'aime bien les trucs un peu amers. Globalement du vin en mangeant, ensuite un petit digestif, genre une bonne vieille Poire ou un bon vieux whisky, et après si tu sors bah des bières et des Gin Tonic.

Et le lendemain si tu veux éviter la gueule de bois... bah en fait c'est un peu impossible, mais il faut reboire une bière. Globalement (sourire).


Dernière question, je ne sais pas si elle est con ou intelligente, c'est une question de point de vue : tu veux des enfants ?

Bah non c'est pas con comme question... ouais, je pense ouais, pas tout de suite mais moi j'ai hyper envie d'avoir des enfants quand même. Plein. Énormément d'enfants. Huit enfants tiens. (rires)