Se défonce-t-on plus que nos grands-parents ?

undefined 21 septembre 2017 undefined 17h04

Camille

Alcool, drogue, clope... Il est des horizons sur lesquels tu te sens lamentablement imbattable. Ta consommation excessive ne se limite pourtant pas au contexte financier et social alarmant de ta génération. Quand le plein emploi régnait et qu'on pouvait se payer des bagnoles, tes grands-parents se défonçaient aussi. Peut-être un peu différement toutefois.   

Avant les hémoroïdes et Julien Lepers, nos grands-parents étaient de vraies personnes. Elles entretenaient des rapports sexuels, s'alimentaient de trucs consistants et sortaient le soir. Même s'il semble, en définitive, que leurs modes de consommation n'étaient pas les mêmes, il leur arrivait quand même de faire la teuf avec imprudence et immodération. Il faut même croire que dans les années 60, données chiffrées à l'appui, nos prédécesseurs se la collaient plus que nous.


La tise

Tu penses sans doute non sans fierté que ta pratique du binge drinking et la régularité de tes cuites placent ta génération au rang de taulier de la cuite. C'est faux. Ne t'en déplaise, la consommation d'alcool a diminué de moitié en 50 ans. Faudra trouver autre chose pour briller. Les statistiques de l'Insee prennent cependant en compte la régression du vin.  

On le consomme moins régulièrement et les jeunes ont une tendance à l'embourgeoisement, préférant désormais tiser des nectars de qualité plutôt que de la piquette. On constate cependant des alcoolisations ponctuelles et des ivresses plus fréquentes. En gros, on boit moins souvent mais plus salement.


La clope 

Pour le tabac, même constat : on fume globalement plus de clopes mais moins quotidiennement. Le pic de la consommation tabagiste se situe en 1991, à l'époque des coins fumeurs, de Bukowski bourré chez Pivot et plus ou moins de ton année de naissance. Quid ta grand-mère ? Oh, vers les années 60, on consomme juste 55 milliers de tonnes de cigarettes. Aujourd'hui, chaque génération fume moins que la précédente et 48% des étudiants déclarent même n'avoir jamais fumé. 


La drogue 

S'il y a au moins une chose que ta grand-mère ne peut pas enlever à ta génération, c'est sa faculté à se défoncer aux psychotropes. A titre d'illu, la consommation de MDMA grandit dans le cœur et dans le corps des jeunes ingénus. En demandant leur avis à quelques-uns, on l'entend qualifiée de « safe et fun » ; parfait palliatif au Champomy pour des petites boums pré-nuptiales, donc. 0,3% des 18-64 ans disent l'avoir testée en 2010. En 2014, on recense quatre fois plus de monde : 4,3%. Quand ta grand-mère est née, elle n'existait pas.

Alors, ils se rabattaient sur l'offre du marché de l'époque. Les drogues hallucinogènes type champi ont été consommées par certains des jeunes d'antan, en 1960. Par contre, c'était à des fins expérimentales et thérapeutiques. Aujourd'hui, sur un pannel de 1809 étudiants interrogés par la Santé des étudiants en France, 6,6% dit l'avoir expérimenté à titre festif. Ensuite, vu que la France est un pays d'intellos, la coke, stimulante, est sa drogue favorite. De 1910 à 1930, on la prend dans les milieux artistiques et les bordels.

La rupture se joue dans les années de ta naissance, vers les nineties, où la consommation fait boum et se démocratise relativement. Va comprendre. L'idéologie de l'ailleurs psychédélique a pourtant bien commencé à se répendre dans les années 60, époque à laquelle le LSD s'est répandu dans une partie de la jeunesse et voit son avènement dans les rave parties. Aujourd'hui, on l'expérimente à un taux inférieur à 2%. Tout est sous contrôle.

Source : 4e enquête nationale sur la santé des étudiants en France