Enquête : Est-il temps de voyager autrement ?

undefined 22 juillet 2019 undefined 12h25

La Rédac'

A l’heure où Instagram nous assomme de photos de plages de rêve, de paysages de bout du monde et de lieux à visiter, comment jongler entre notre curiosité, notre envie de profiter de la vie, et notre conscience de l’urgence écologique ? Un compromis est-il possible ? Voici quelques pistes de réflexion, qui, on l’espère, vous aideront à y voir plus clair.

Voyager. Quelle liberté ! Partir à l’aventure, découvrir de nouveaux horizons et s’enrichir d’autres cultures, n’est-il pas l’une des plus belles choses qui soit ? Malheureusement le tourisme de masse, comptabilisant plus d’un milliard de voyageurs par an, impacte directement et négativement les populations et l’environnement. En 2030, Nous serons près de 2 milliards d’humains à voyager dans le monde entier.

Ce boom touristique, qui dure depuis près de 30 ans, a non seulement des répercussions écologiques dues à la surconsommation des ressources naturelles et à la production de déchets et de polluants - comme les émissions que provoquent les transports et celles liées à la consommation des biens et des services*, mais également d’importantes répercussions sociales sur les populations locales, principalement dues aux comportements des voyageurs, aux constructions et aux infrastructures touristiques - comme les routes et les complexes hôteliers - obligeant les populations locales à céder toujours plus de territoires aux acteurs du tourisme. Partant de ce constat, n’est-il pas urgent de voyager autrement ?

Voir cette publication sur Instagram

Une publication partagée par labaroudeusevoyage (@marieherblot) le

Pour protéger la planète des nuisances provoquées par les voyageurs, il nous paraît nécessaire d’essayer de devenir un touriste responsable et cela repose sur trois piliers, trois objectifs à se fixer à chaque fois que l’on souhaite voyager. Pour nous y aider, Marie Herblot**, journaliste habituée des voyages éthiques, a accepté de nous partager son expérience.

Le tourisme équitable : Participer au développement économique

Inspiré du commerce équitable, il nous invite à faire profiter pleinement les communautés locales des retombées économiques du tourisme, en réduisant au maximum les intermédiaires pour une rémunération plus juste et l’amélioration de leurs conditions de travail.

« Lorsque je voyage, j’évite de réserver mes hébergements via des sites en ligne qui sont souvent inaccessibles financièrement pour les petites chambres d’hôtes. J’évite également de choisir un hôtel de grandes chaînes internationales parce que je ne suis pas certaine que leurs bénéfices soient réinjectés dans l’économie locale, ni que les conditions de travail soient en accord avec mes valeurs. C’est pareil pour les visites, j’adore découvrir les endroits où je me rends, mais je prends soin d’éviter les lieux touristiques qui n’apportent rien au pays ou à la population. Évidemment, je mets un point d’honneur à consommer local en évitant la nourriture importée des supermarchés. », nous confie Marie.

Voir cette publication sur Instagram

Une publication partagée par labaroudeusevoyage (@marieherblot) le

Le tourisme durable : Préserver la nature

Beaucoup de nos habitudes sont un réel danger pour la préservation de la nature et des écosystèmes, et notre façon de voyager n’y fait pas exception. La bonne nouvelle, c’est que réduire notre impact écologique est possible à tous les stades de notre voyage ! Pourquoi ne pas déjà choisir une destination respectueuse de l’environnement ? Côté transport, la question est épineuse au point qu’en Suède, le mouvement Flygskam (« honte de prendre l’avion ») consistant à boycotter l’avion perturbe encore le trafic aérien du pays.* « Personnellement, je continue de prendre l’avion, mais lorsque je pars pour de courtes durées et que la destination est relativement proche, je privilégie le train ou le bus ! Une fois dans le pays, j’évite au maximum les vols internes. Bien sûr, ça suppose de prendre le temps, mais peut-être devrions nous voyager moins souvent et plus longtemps ? ».

Voir cette publication sur Instagram

Une publication partagée par labaroudeusevoyage (@marieherblot) le

Côté hébergement, on optera pour un logement écoresponsable (labélisé de préférence) « Cela n’engendre pas forcément une plus grosse dépense. Dormir chez l’habitant, par exemple, est une excellente manière de s’imprégner d’un endroit et de faire des économies. ». Dans le même ordre d’idées, on évitera évidemment les activités impactant les animaux et la biodiversité. Pour aller plus loin, il est désormais possible de calculer notre emprunte Carbonne sur des sites spécialisés, et le compenser en participant matériellement ou financièrement à des projets de protection climatique et de développement local (plantation d’arbre, gestion des déchets, …) ****

Le tourisme participatif : Rencontrer les populations locales

Contrairement au tourisme de masse qui se vit loin des autochtones, le tourisme responsable nous invite à participer à la vie locale du territoire visité et à se fondre dans le paysage. Le tourisme participatif, met également un point d’honneur à impliquer les habitants à la démarche et au développement touristique, en faisant directement appel à leurs services plutôt qu’à ceux d’intermédiaires. L’objectif ? Créer, améliorer et développer des relations avec les résidents pour retrouver une hospitalité et une authenticité oubliée.

Voir cette publication sur Instagram

Une publication partagée par Zoé Stene (@zoe_stene) le

Il est vrai qu’il est parfois difficile d’appliquer tous ces conseils concrètement. Cela impose de faire de petits sacrifices, de changer de grandes habitudes et surtout d’avoir du temps, ou plutôt de le prendre. Mais finalement, est-ce que remettre en question notre façon de voyager, ne passerait pas par une remise en question de l’intégralité de notre mode de vie ?

*Selon une étude datant du 7 mai 2018 dans la revue Nature Climate Change, le tourisme comptabilise environ 8% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde
**labaroudeusevoyage.com
*** Le trafic aéronautique représente 2% des émissions globales de CO2
**** goodplanet.org