SEO Lesbienne : elles se battent pour changer les résultats Google sur les lesbiennes

undefined 7 avril 2021 undefined 17h15

Cindy V

Quand vous googlez "lesbienne", que voyez-vous ? Maintenant sur la page Google France, on voit de plus en plus de contenu éducatif, d’associations, d’icônes comme Angèle, des images de banques de données de femmes amoureuses... et pas forcément à poil. Figurez-vous que début 2019, la première page Google n’affichait que des résultats pornographiques, faits pour les hommes, même avec le Safe Search désactivé. Cette évolution est dûe en grande partie au travail de l’association SEO Lesbienne : le groupe de militantes régule depuis deux ans les résultats irréalistes et discriminants des moteurs de recherche.

 
« Il n’y avait rien, sinon du porno. J’ai fait le deuil de ce mot, du coup. »

Lorsque Fanchon Mayaudon, lanceuse du mouvement #SEOLesbienne, a fait son coming out et a voulu se renseigner sur son homosexualité sur Internet dans les années 2010, « il n’y avait rien, sinon du porno. J’ai fait le deuil de ce mot, du coup. J’ai envie de me le réapproprier, car il est important pour nos constructions, pour lutter contre le sentiment de honte au moment du coming out. » Lorsqu’on cherchait le mot "gay", on retrouvait déjà des adresses d’associations, de sites éducatifs, de bars et de communautés. Alors pour contrer ces oublis et préjugés sur les lesbiennes, rien de mieux qu’une action concrète de la part de celles qui s’y connaissent.

 

Capture d’écran d’une recherche « lesbienne » sur Google France, décembre 2018 © Numerama

« Pourquoi on n’utiliserait pas les mêmes méthodes que les "marketeux" pour mieux faire référencer le terme "lesbienne" ? »

La cyberactiviste LGBTQI+ Fanchon Mayaudon a démarré le projet SEO Lesbienne avec une question lancée sur son compte Twitter : « Pourquoi on n’utiliserait pas les mêmes méthodes que les "marketeux" pour mieux faire référencer le terme "lesbienne" ? ». Le tweet a attiré l’œil de la rédactrice en chef du site spécialisé Numerama et les articles de presse se sont enchaînés sur d’autres journaux. Fanchon Mayaudon lance en avril 2019 la page et le hashtag #SEOLesbienne. « C’est venu comme ça un soir à 1h30 du matin. J’ai demandé à ma femme, graphiste, de trouver une identité visuelle, un logo », raconte-t-elle à Amnesty International. Son idée prend de l’ampleur et des expert.e.s en SEO (Search Engine Optimization en anglais, une technique pour améliorer le positionnement d’une page sur les moteurs de recherche) la conseillent pour maîtriser les résultats des géants des GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon). Aujourd'hui le mot lesbienne renvoie à une page porno qu'à partir de la 12e page de Google. 

Le 3 avril 2019, Lori Lightfoot est venue apporter sa pierre à l’édifice jusqu’à Google France en devenant la première mairesse noire et lesbienne de la ville de Chicago aux États-Unis. L’évènement a fait couler de l’encre de l’autre côté de l’Atlantique et a grandement changé le référencement du mot "lesbienne", apparaissant juste après un site porno.


Capture d’écran d’une recherche "lesbienne" sur Google France le 5 avril 2019 © Numerama

Internet n’est pas près de s’arrêter et le travail de référencement des mots est quotidien. La mission n’est pas terminée pour rester en haut de l’affiche !