Ce qui devait être un simple lifting des halles de Vence s’est transformé en retour fracassant du Ve siècle. En creusant pour rénover le marché couvert, les archéologues sont tombés sur un trésor enterré : les vestiges d’une cathédrale paléochrétienne, oubliée depuis des siècles. Trente mètres de pierre, de mémoire, de sacré. C’est toute une architecture religieuse du tout début du christianisme en Provence qui refait surface, telle une relique précieuse sortie du brouillard du temps.
Un puzzle de six siècles sous nos pieds
Ce qui rend la découverte encore plus dingue, c’est la superposition des structures. En grattant sous les couches du sol, les archéologues ont pu retracer pas moins de six siècles d’évolutions successives du bâtiment, jusqu’à son abandon au XIe siècle. C’est un peu comme si on avait appuyé sur "lecture accélérée" de l’histoire religieuse de la région, avec à la clé un aperçu ultra-précieux de l’adaptation de l’église à travers les âges. Petit bijou du site : un baptistère encore remarquablement conservé, qui en dit long sur les rites et les croyances d’autrefois.

Aux côtés de l’église, une trentaine de tombes ont été dégagées, et elles ne sont pas là par hasard. Il s’agirait de personnalités importantes, peut-être ecclésiastiques ou notables locaux. Les chercheurs espèrent désormais pouvoir identifier certains de ces défunts, à la manière des fouilles menées à Notre-Dame de Paris. Une enquête posthume pleine de promesses, qui pourrait révéler de nouveaux noms ou figures clés de l’histoire locale.
Un éclairage inédit sur les origines chrétiennes de la région
Cette cathédrale fantôme vient rappeler que le sud-est de la France fut un foyer essentiel du christianisme antique. À quelques encablures de là, les îles de Lérins jouaient déjà un rôle de phare spirituel dès l’Antiquité tardive, irriguant toute la Provence de leur influence religieuse. La trouvaille de Vence s’inscrit dans cette dynamique et vient densifier un réseau de lieux saints que le temps avait effacé — mais pas oublié.
Sous les pavés de Vence, les racines du christianisme provençal refont surface. Et avec elles, un pan de mémoire collective qui n’attendait qu’un coup de pelle pour revivre.
Source : Le Singulier
