Midsommar, plongée dans un radieux cauchemar

undefined 1 août 2019 undefined 10h42

La Rédac'

J'avais tellement aimé Hérédité, sorti l'année dernière. Ç'avait été une vraie révélation, la découverte de la possibilité d'un cinéma d'horreur dépourvu de son aspect superficiel, et doté de qualités esthétiques insoupçonnées. J'attendais donc le deuxième film d'Ari Aster avec beaucoup d'enthousiasme ; à raison, Midsommar est un nouveau coup de maître. 


Tout commence très mal
, avec le suicide de la sœur de Dani, qui a le bon goût d'emporter avec elle ses parents. Dani n'a désormais plus que Christian au monde, et celui-ci lui propose alors de l'accompagner, lui et ses potes thésards en anthropologie, au festival Midsommar qui se tient tous les 90 ans  quelque part au nord de la Suède. La fête champêtre se tient sur 9 jours au sein d'une communauté isolée, dont les rituels vont vite mettre à mal les besoins de repos et de sérénité qu'un deuil engendre habituellement. 

Midsommar film critique

C'est donc dans une atmosphère déjà lourde émotionnellement qu'Ari Aster nous fait découvrir le cadre pittoresque et solaire de son récit. Un endroit dyonisiaque où la bienveillance, le respect de la nature et l'attachement à des traditions séculaires semblent régner. A priori on est en sécurité, d'autant plus qu'à cette période de l'année, il ne fait jamais vraiment nuit. Mais en fait, je vous le donne en mille, non. C'est là la grande originalité du métrage : l'horreur s'y dévoile au grand jour. 

Midsommar film critique

Mais si l'horreur est bien présente, visuellement, la peur qu'on ressent habituellement sur notre siège devant ce genre de film est bien plus diffuse. Ari Aster montre et met en scène, avec style, l'horreur, il ne cherche pas à effrayer le spectateur, à le faire sursauter, à le surprendre. Il semblerait plutôt qu'il cherche à expliquer les choses, avec une approche beaucoup plus intellectuelle que sensible, et conséquemment, on est complètement fasciné par ce qu'on voit, de la même manière que les personnages de Midsommar prennent différentes substances pour changer leur perception. 

Midsommar film critique

Au-delà de l'aspect formel de ce film, passionnant parce qu'il fait véritablement évoluer le genre, on peut aussi en dégager quelques thèmes qu'on comprend désormais chers à son auteur. La mort, évidemment, mais aussi le deuil, la filiation, la communauté et les rituels, et, dominant tout cela, un déni de la notion de bien ou de mal, qui fait finalement triompher ce dernier – du moins tel que notre société le définit... 

Midsommar film critique


Midsommar
montre, avec un grand sens de l'esthétique, l'inacceptable au grand jour ; brouillant ainsi en profondeur notre vision du bien et du mal, il nous invite à nous éloigner spirituellement d'une société trop systématisée, pour finalement mieux y vivre. La mise en scène hallucinogène d'Ari Aster en fait un film unique, et donc précieux.
 Vivement le prochain !