Notre-Dame de Paris : la seule gueule de bois dont on ne se remettra jamais

undefined 16 avril 2019 undefined 08h57

La Rédac'

Les images tournent en boucle, les témoignages pleuvent et le monde entier se crispe devant une catastrophe aussi inattendue que désastreuse. Notre-Dame de Paris en flammes, c’est un morceau de nous-même, un pan de notre culture, de notre patrimoine et de notre Histoire commune qui tremble. Ce matin, on s’est réveillé avec la pire gueule de bois de notre vie. Et celle-ci, on ne s’en remettra sans doute jamais (on a d'ailleurs décidé d'illustrer cet article sans photos de la cathédrale en flammes, pour tenter d'effacer un peu ces images affreuses de nos esprits).


L’avantage avec les gueules de bois, c’est qu’elles finissent toujours par s’estomper. Si certains encaissent plus facilement que d’autres, ce mal de tête chronique et ces tympans qui claquent ne sont en général qu’un mauvais moment à passer. Une bonne nuit de sommeil, un bon repas bien riche et beaucoup d’eau suffisent à faire passer la pilule. Mais cette fois, c’est différent. La gueule de bois du jour n’a pas seulement touché notre tête, mais notre corps dans son intégralité, à commencer par notre coeur. Voir Notre-Dame de Paris en flammes, c’est comme assister à la destruction de l’un des seuls morceaux de notre Histoire commune. Et par les temps qui courent, les symboles qui réussissent l’exploit de nous unir se font rares…

Dans l’art et la littérature, dans les films et les dessins animés, dans les comédies musicales et les chansons… Notre-Dame de Paris est un socle incontournable et, jusqu’alors, inamovible du patrimoine français. C’est avec une impuissance totale et forcément révoltante que le monde a assisté hier à l’un des spectacles les plus tristes de son Histoire. Car nous avons enregistré hier le genre d’images qui restent à jamais gravées dans les esprits. Devant notre poste de télévision, on a ressenti une angoisse et un sentiment affreux : celui d'assister à la destruction progressive et en direct d'un symbole intergénérationnel. Fort heureusement, le bilan n’est cette fois qu’architecturale et historique, mais c’est déjà bien assez. Car c’est un morceau de notre rayonnement mondial, de notre style de vie, de notre notoriété, bref de notre nation et civilisation qui vient d’être ébranlé par un terrible incendie.

Les pompiers, ces héros de la nation et du monde

Évidemment, tout n’est pas perdu. La partie « Trésor » de l’édifice, qui renferme notamment la couronne d'épines et la tunique de Saint Louis, a été intégralement préservée. Les deux beffrois ont également été sauvés des flammes, évitant ainsi un éventuel et atroce effondrement de la partie la plus connue de la cathédrale et des cloches mythiques qu’elle renferme. Mais les dégâts sont tout de même considérables : « l'ensemble de la toiture est sinistrée, l'ensemble de la charpente est détruite, une partie de la voûte s'est effondrée, la flèche n'existe plus », a indiqué ce mardi matin Gabriel Plus, porte-parole des pompiers de Paris.

Alors ce matin, notre esprit est ailleurs, sans doute perdu dans les bas-fonds de la tristesse qui nous ronge. D’un autre côté, on a envie d’organiser à rassemblement citoyen pour remercier le courage, la bravoure et l’abnégation des pompiers qui ont réussi à épargner un patrimoine qui semblait promis à la cendre. Écrire ces lignes est d’ailleurs un crève-coeur mais nous n’avions pas la force de faire autre chose, traiter un autre sujet comme si de rien n’était nous semblait inconcevable tant nous souffrons aujourd’hui d’un mal inédit et affreux dont on se serait bien volontiers passé.