Échec des deux motions de censure à l'Assemblée nationale, la réforme des retraites passe

undefined 20 mars 2023 undefined 18h45

Auriane Camus

Depuis jeudi 16 mars, la France retenait son souffle en attendant le vote des deux motions de censure portées par le Rassemblement national (RN) et le groupe Liot, contre le gouvernement d’Élisabeth Borne après que celui-ci ait eu recours au 49.3 pour faire passer sa réforme des retraites.

Si les chances pour que l’une de deux motions soit adoptée, et qu’elle fasse chuter le gouvernement au passage, étaient faibles, les opposants au texte de loi comptaient encore sur un retournement de situation avec le ralliement possible de quelques députés Les Républicains (LR). Plusieurs d'entre-deux, notamment Aurélien Pradié ou Maxime Minot, avaient annoncé vouloir voter la motion de censure déposée par le groupe Liot. Leurs espoirs ont néanmoins été réduits à néant ce lundi 20 mars : au terme d'un débat de près de 2h30aucune des deux motions n'a été adoptée, celle du groupe Liot n'ayant obtenu que 278 votes sur les 287 requis. Élisabeth Borne reste donc première ministre et pourra poursuivre l'adoption de la réforme des retraites. 


Des manifestations mouvementées dans toute la France

Ce week-end, un air de révolution s’est fait sentir à travers tout le pays. Après le passage en force de la réforme des retraites, contestée par près 68 % des Français (sondage Ifop pour le JDD), le mouvement social se poursuit avec plusieurs blocages et grèves notamment chez les éboueurs de la capitale et dans les raffineries.

À Paris, plusieurs milliers de manifestants s’étaient donné rendez-vous place d’Italie ce samedi 18 mars. Les rassemblements place de la Concorde, ainsi que sur les Champs-Elysées, ont été interdits par la préfecture de police de Paris, après deux soirées de manifestations mouvementées. Entre barricades, jets de projectiles, feux de poubelles et destruction d’abribus, le quartier du 13e arrondissement a été le théâtre de nombreuses altercations entre police et manifestants. Selon une source policière auprès d’Europe 1, près de 76 personnes ont été arrêtées sur la place d'Italie ou alentours.


Le passage forcé d’une réforme contestée

Pour rappel, le gouvernement a décidé d’utiliser l’article 49.3 pour faire adopter le projet de loi sur la réforme des retraites, qui valide le recul de l’âge de départ à 64 ans, jeudi 16 mars, empêchant ainsi la tenue des débats prévue le jour même à l’Assemblée nationale. Cette décision a ainsi permis au texte de loi d’être adopté sans vote de l’Assemblée nationale. Elle engageait cependant la responsabilité d'Élisabeth Borne et de son gouvernement, qui s’exposait à une motion de censure. 

Dès l'entame des débats, la Première ministre a été attaquée frontalement par plusieurs élus, notamment Charles de Courson, député du groupe Liot : « Vous avez échoué à rassembler, vous avez échoué à convaincre, alors vous avez cédé à la facilité et évité la sanction du vote. Ce vote, vous l'auriez très probablement perdu, mais c'est la règle en démocratie ! ». Un discours qui n'a cependant pas suffit à convaincre la majorité : il aurait fallut au moins 287 votes, soit la moitié du nombre de députés siégeant à l'Assemblée nationale, pour que la première ministre soit forcée de démissionner et que le passage de la réforme soit empêché. Cette dernière devrait s'appliquer dès la rentrée de septembre 2023, selon le planning avancé par le gouvernement.