Une entreprise de Montpellier instaure un congé menstruel, une première en France !

undefined 19 décembre 2022 undefined 13h59

La Rédac'

Grande nouvelle. Alors que le congé menstruel est en place au Japon depuis 1947, en Corée du Sud depuis 2001, en Indonésie depuis 1948, ou encore en Zambie depuis 2015, l’Europe est bien en retard sur la question. 30% à 50% des personnes ayant leur règles affirment ressentir des douleurs intenses, et ces dernières sont d’ailleurs la principale cause d’absentéisme en milieu scolaire. Il était grand temps, donc, d’envisager une reconnaissance officielle, de cette douleur bien trop normalisée. C'est la coopérative La Collective, basée à Montpellier, qui a instauré, depuis le 1er janvier 2021, ce congé menstruel. Toute personne de cette entreprise souffrant de dysménorrhée peut si elle le souhaite prendre cette journée de congé -payée intégralement- en envoyant un simple mail à l'employeur. Pas besoin de passer par la case médecin, ni de prévenir à l'avance.

Une fausse bonne idée ?

Dans un entretien pour FranceInfo, Fabienne El-Khoury, porte-parole de l’association Osez le féminisme a exprimé ses craintes quant à la mise en place d’un tel congé. Selon elle, cela représente plus une « fausse bonne idée » qu’autre chose. Elle explique cela par le fait que ce congé menstruel pourrait être à l’origine d’une hausse des stigmatisations liées aux femmes et aux règles. En effet, si on jette un coup d’œil aux quelques pays qui ont déjà mit en place ce dispositif, on peut remarquer que ses conditions d’application sont parfois critiquables. C’est le cas de la Corée du Sud où les femmes disposent d’un droit à ce congé, mais ce dernier n’est pas payé, et une prime leur est même accordé si ces dernières n’y ont pas recours pendant le mois. Au Japon non plus ce congé menstruel n’est pas rémunéré, et on peut noter une baisse drastique du nombre de personnes qui y font appel ( 26% en 1965 contre 0,9% des personnes salariées en 2017). Aux vues des tabous et de la stigmatisation qui règnent autour des menstruations, nous pouvons en effet craindre, comme le souligne Fabienne El-Khoury, que cette initiative augmente la discrimination ( stigmatisation, diminution de l’embauche, ou encore une baisse des salaires). De plus, à force de normalisation de la dysménorrhée, nombreuses sont les personnes ne se sentant pas légitimes à faire appel à ce genre de dispositif ( A tort bien-évidemment !).

Un grand pas de fait

Malgré les doutes et réticences que peut présenter la mise en place d’un tel congé, nous, on dit OUI. On dit oui parce que c’est quand même une première en France, et que l’idée et l’intention sont honorables. On espère au contraire que cette initiative pourra aider à la dé-stigmatisation des menstruations, et qu’un maximum de personnes pourront profiter d’un tel dispositif, sans avoir à craindre aucune discrimination que ce soit ! Ce qui est sûr, c'est que cette décision va favoriser la qualité de vie au travail de toutes les personnes souffrant de dysménorrhée.