Diffusé début décembre, Le Mal Aimé n’est pas une publicité comme les autres. En deux minutes trente (une éternité dans le monde de la pub), Intermarché raconte une histoire de différence, de tolérance et de grandes tablées de Noël. Celle d’un grand méchant loup qui tente tant bien que mal de s’intégrer parmi les herbivores de la forêt, quitte à revoir son régime alimentaire. Résultat : un conte moderne, drôle et légèrement mélancolique, qui a touché droit au cœur. En quatre jours à peine, la vidéo dépasse les 150 millions de vues à travers le monde. Oui, rien que ça.
Derrière le buzz, un studio montpelliérain discret mais redoutable
Aux commandes de cette claque visuelle : Illogic Studios, un studio d’animation installé à Montpellier depuis 2018. Fondé par quatre amis formés à Supinfocom Arles, le collectif cultive un style bien à lui, entre poésie, humour noir et nostalgie assumée. Théophile Dufresne, l’un des cofondateurs, reste étonnamment calme face au phénomène. Pas de triomphalisme, juste la satisfaction du travail bien fait. Il faut dire que le studio n’en est pas à son coup d’essai : Garden Party, leur film de fin d’études, avait déjà fait le tour de plus de 200 festivals… jusqu’aux Oscars.
Voir cette publication sur Instagram
Ce qui fait aussi la singularité de Le Mal Aimé, c’est ce choix radical : aucune intelligence artificielle. Dans un contexte où l’IA envahit la création visuelle, Illogic revendique une animation patiemment façonnée à la main. Textures peintes une à une, animation image par image, mélange subtil de 2D et de 3D… huit mois de travail et une équipe de 70 artistes ont été nécessaires pour donner vie à ce film. Une démarche artisanale qui explique cette sensation de chaleur et d’authenticité à l’écran.
Montpellier, nouveau berceau de la création animée ?
Installé loin de Paris par choix, le studio assume son ancrage montpelliérain tout en collaborant avec des talents venus de toute l’Europe. Un équilibre qui leur permet de garder une liberté créative précieuse. Et pendant que Le Mal Aimé continue de faire parler de lui, l’équipe planche déjà sur des projets de longs-métrages. Comme quoi, derrière une pub de Noël qui fait pleurer, se cache peut-être le futur du cinéma d’animation français.