À Montpellier, un vent de poésie urbaine souffle sur les murs de Parcelle473. Ici, ce sont les mots affûtés et les silhouettes noires de Miss. Tic qui s’imposent avec grâce et impertinence. L’exposition Dame de pique, reine de cœur offre une plongée intime dans l’univers de Radhia Novat, alias Miss. Tic, pionnière absolue du pochoir au féminin. Dès les années 80, alors que le street art était encore une affaire de mecs, elle descend dans la rue armée de ses bombes et de ses idées bien tranchées. Ses aphorismes ? Des uppercuts sémantiques sur fond de féminité libre : « délivrez-moi du mâle », « soyons heureuses en attendant le bonheur », ou encore « pas d’idéaux, juste des idées hautes ». Tout est dit. Ou presque.
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Une cinquantaine d'oeuvres à contempler
Dans l’espace feutré mais vibrant de Parcelle473, près de cinquante pièces révèlent toute l’intelligence graphique de cette artiste inclassable. Pochoirs originaux suspendus, toiles où les corps s’élancent entre papiers déchirés façon Villeglé, objets du quotidien détournés comme ce frigo frappé de « des faims de non-recevoir »… L’exposition a beau être plus ramassée que celle du Palais des Papes à Avignon, elle frappe juste. Chaque œuvre semble chuchoter à l’oreille du visiteur une confidence à double sens. On se promène entre punchlines féministes, clins d’œil à l’histoire de l’art et souvenirs de rue comme dans un carnet de pensées murales.
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Un héritage artistique éternel
Et si Miss. Tic n’est plus là depuis 2022, son empreinte, elle, reste bien vivante. Dans ses Muses et hommes, elle s’amuse à revisiter les grands noms de la peinture à travers les femmes qui les ont inspirés — ou qui auraient mérité d’en faire autant. Le tout sans se prendre au sérieux, mais toujours avec sérieux. On retrouve aussi ses incursions dans le cinéma et l’édition, de l’affiche pour Chabrol à la couverture d’Amélie Nothomb.
Miss. Tic, c’est un art de la fulgurance. Un style reconnaissable entre mille. Et surtout, une voix singulière qui continue de résonner fort, très fort, dans les rues comme dans les galeries. À Montpellier, elle nous rappelle que l’art peut être à la fois beau, drôle, critique, féminin… et indélébile.
Parcelle473
425 avenue des Frères Buhler - Montpellier
Jusqu’au 15 octobre du mardi au samedi de 11h à 19h (dimanche de 14h à 19h)
Entrée : 5 €
Source : Midi Libre