5 femmes qui se sont fait voler leur prix Nobel par un homme

undefined 6 octobre 2017 undefined 16h57

La Rédac'

Parce qu'entre 1901, date de la première remise du prix Nobel, et 2016, on compte 49 femmes sur 885 lauréats au total. Pourtant, de nombreuses scientifiques ont fait des découvertes majeures qui auraient pu les mener tout droit vers le précieux sésame ; on vous raconte l'histoire de cinq d'entre elles. 


Jocelyn Bell-Burnell

Fraîchement diplômée de radioastronomie à l'université de Cambridge, Bell-Burnell continue de mener des recherches avec un de ses professeurs, Anthony Hewish.

A seulement 24 ans, la jeune femme découvre les signaux récurrents émis par les pulsars (un résidu issu de l'explosion d'une étoile massive, notamment utilisé dans des compositions musicales pour leur aspect métronomique). Cette découverte mène à l'obtention d'un prix Nobel de physique en 1974, qui revient à... Anthony Hewish, ainsi qu'à Martin Ryle, un autre radioastronome de Cambridge.

Interviewée en 2013 par le National Geographic, Bell-Burnell, qui est entre temps devenue prof d'astronomie à l'université d'Oxford, en dira plus sur ce qu'il s'est passé : « à l'époque, les découvertes scientifiques devaient être celles d'un homme âgé et expérimenté qui avait sous ses ordres une flopée de sbires et d'étudiants qui ne devaient pas réfléchir, seulement faire ce que le scientifique disait... » 

Vous avez dit archaïque ?


Esther Lederberg

Née dans le Bronx en 1922, Lederberg est une microbiologiste connue pour la découverte en 1951 d'un virus furtif qui envahit les bactéries et se cache dans leur ADN.

Elle développe ensuite avec son mari Joshua un moyen de transférer facilement les bactéries d'une boîte de pétri (un récipient transparent et stérile) à une autre. C'est la technique de la "double plaque", encore utilisée aujourd'hui. 

Résultat, c'est son mari qui obtient avec cette méthode un prix Nobel de physiologie ou médecine, qu'il partage avec les chercheurs George Beadle et Edward Tatum.


Chien-Shiung Wu

Cette physicienne chinoise a (entre autres choses) participé au développement de la bombe atomique, rien que ça. Dans les années 40, elle est recrutée par Columbia pour mener des recherches sur la détection des radiations et l'enrichissement de l'uranium. Après ces travaux, elle reste aux Etats-Unis et est reconnue comme l'un des meilleurs physiciens expérimentaux de son temps. 

Au milieu des années 50, deux physiciens théoriciens, Tsung-Dao Lee et Chen Ning Yang, l'approchent pour qu'elle les aide à réfuter la loi de parité. Les expériences de Wu ont permis de réviser cette loi. Cette étape importante a mené à l'obtention d'un prix Nobel en 1957 pour Lee et Yang, mais Wu fut écartée. Pnina Abir-Am, historienne de la science, confirmera plus tard que l'ethnicité de Wu avait aussi joué un rôle...


Lise Meitner

Cette Autrichienne fut au centre d'un incroyable enchevêtrement sexiste, ethnique et politique. Après avoir obtenu un doctorat de physique à Vienne, elle emménage à Berlin en 1907 et travaille pendant près de 30 ans sur la fission nucléaire avec le chimiste Otto Hahn.

En 1938, les nazis annexent l'Autriche et Meitner, qui était juive, déménage à Stockholm tout en continuant de secrètement travailler avec Hahn par correspondance. Bien qu'il ait mené l'expérience qui a produit la preuve de la fission nucléaire, il ne savait pas l'expliquer. Meitner, avec son neveu Otto Frisch, lui apporta la théorie. Finalement, Hahn publiera ses recherches sans inclure Meitner en tant que co-auteure, et obtiendra le prix Nobel. 

Certains ont toutefois justifié cette attitude du fait des risques qu'il aurait encouru en dévoilant qu'il travaillait avec une femme juive sous l'Allemagne nazie. 


Nettie Stevens

Si l'on sait que le sexe d'un individu est déterminé par le système XY, dans lequel les femmes possèdent deux chromosomes X (XX) tandis que les hommes possèdent un chromosome X et un chromosome Y (XY), c'est grâce à Nettie Stevens. Elle a fait cette découverte à l'université de Pomona en Californie en menant des expériences sur des vers de farine.  

Ce n'est pas tout : c'est Thomas Hunt Morgan, un autre de leurs collègues, qui a raflé le prix Nobel de physiologie ou médecine en 1933 « pour ses découvertes sur le rôle joué par le chromosome dans l'hérédité » dixit la Fondation Nobel elle-même. Rappelons que Nettie Stevens avait fait cette découverte... En 1905. 


Reste aussi à identifier l'ensemble des femmes qui ont été victimes de l'effet Mathew Mathilda, qui consiste en la répression ou le déni des contributions des chercheures à la science.