Bêtes blondes : le jeune cinéma français entre rêve et hallucination

undefined 4 mars 2019 undefined 11h48

La Rédac'

S'il n'est pas complètement exagéré de déclarer que le cinéma français manque généralement de fantaisie, de jeunes et inventifs cinéastes tentent malgré tout de lui redonner un souffle nouveau. Comment ? En produisant des films courageux et originaux dans le genre de celui qui nous concerne dans ces pages, et qui porte le nom évocateur mais mystérieux de Bêtes Blondes.


Un type tout droit sorti d'une sitcom des années 90 est endormi dans un parc, seul au milieu des restes d'un pique-nique. La netteté de l'image et les victuailles étalées sur la nappe donnent à l'ensemble des airs de nature morte, quand on vient le réveiller. Ne se rappelant plus du tout ce qu'il fait là ni où il peut bien être d'ailleurs, Fabien accepte un verre de vin et une cigarette avant de fuir cette nouvelle compagnie, une assiette remplie de saumon fumé bio entre les mains. Dans sa quête du RER le plus proche (« drôle d'idée ! » lui répond-on alors qu'il pose la question), il rencontre Yoni, un jeune homme beau comme la vie, triste comme la mort, une tête pleine de souvenirs en bandoulière. Désormais liés par l'infortune, leurs chemins vont s'entrecroiser jusqu'au petit matin suivant.

Bêtes blondes film critique

Baigné dans une atmosphère éthérée, naviguant constamment entre le rêve et l'hallucination, on accompagne ces deux héros au charme suranné dans une quête initiatique qui les mettra aux prises avec, successivement : une famille bourgeoise dont les jeunes femmes exercent un talent étrange pour le sifflement, une alchimiste scatophile, une jeune sculptrice sur bois qui vient d'obtenir son permis mais qui a peur de conduire, deux jeunes loubards en jogging Sergio Tacchini dont le père souhaite les inscrire en école de design, un chaman antillais tenancier de sex-shop et fan inconditionnel de cette même sitcom des années 90 évoquée plus haut, et tout un bestiaire dont la fonction symbolique s'inscrit vite concrètement dans le développement du récit.

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Avec une volonté permanente d'égarer le spectateur pour mieux le rapprocher de leurs personnages, Alexia Walther et Maxime Matray tissent une toile narrative qui prend corps à mesure que Fabien se dévoile. Comme lui on est perdu, on ne sait pas où on va ni à quoi s'accrocher, et le temps s'écoule sans aucune logique, entrecoupé par des périodes de rêve total, ou alors serait-ce... ? On a pris un truc ? On ne sait plus, notre métabolisme ne synthétise plus la vitamine C, non, D, enfin bref, on a oublié.

Bêtes blondes film critique


Bêtes Blondes
, d'Alexia Walther et Maxime Matray
Avec Thomas Scimeca, Basile Meilleurat, Agathe Bonitzer

Sortie le 6 mars