"Vivre avec 100 € par mois" : une étudiante lance un appel à l'aide bouleversant sur TikTok

undefined 3 novembre 2022 undefined 13h41

Auriane Camus

Être étudiant est décidément une période compliquée pour les finances, surtout quand on n’a pas la chance d’être aidé par ses parents. D’après les chiffres de l'Observatoire de la vie étudiante, le budget moyen des étudiants s’élève à 635 € par mois, le loyer étant la plus grosse charge (388 € par mois en moyenne une fois les aides déduites). Pourtant, certains étudiants vivent encore avec des revenus largement inférieurs à ces dépenses incompressibles. C’est le cas de Maëlle, 20 ans, étudiante à Nancy.

Mardi 1er novembre, la jeune femme a pris la parole sur TikTok, en larmes, pour se confier sur sa situation financière précaire. Elle dénonce le montant dérisoire de sa bourse versée par le Crous, 100 €, alors qu’elle ne dispose d’aucune aide de la part de ses parents vivant dans les DOM TOM. La vidéo a été vue plus de sept millions de fois et a suscité un vif élan de solidarité.


Des calculs qui ne correspondent pas à la réalité des étudiants

Maëlle a entamé sa quatrième année d'études à Berlin, en Allemagne. Ses parents, vivant à Mayotte, n’ont « pas les moyens » de payer ses études ou son loyer. Elle est donc obligée de travailler en parallèle de ses études, comme environ 40 % des étudiants inscrits dans l'enseignement supérieur (chiffre OVE).

Malgré cette situation financière précaire, la bourse de Maëlle ne cesse de diminuer chaque année : « Je travaillais beaucoup, j'étais super fatiguée, mais ils [le Crous] ont continué, ils ont encore baissé ma bourse, parce que je cite “mes parents habitent à Mayotte” donc ils ont un salaire plus élevé. » Pourtant, l'étudiante explique que son père est au chômage et que, si sa mère a été augmentée, c'est seulement pour faire face aux prix de l'alimentaire très élevés dans les DOM TOM.

@elleam_____ #pourtoi #etudiantboursier #plusdethune #galere ♬ original sound - maëlle

Dans une interview au Figaro étudiant, la jeune femme s’explique : « La première année, tout allait bien. J’étais boursière échelon 4 et touchais environ 400 € par mois. Cumulés avec une aide de Science Po et une aide pour les doubles diplômes, je bénéficiais d’environ 900 € pour payer mon loyer et mes courses. C’était idéal ». 900 € par mois, c'est ce que les étudiants français touchent en moyenne chaque mois, puisque l'Observatoire de la vie étudiante estime les ressources mensuelles moyennes des étudiants à 919 €. Un montant qui se trouve déjà en dessous du seuil de pauvreté.

Mais en deuxième année, sa bourse est divisée par deux. Le Crous, qui calcule les échelons selon le revenu des parents déclaré deux ans auparavant, prend désormais en compte l’argent gagné par son père en tant qu’intérimaire. Depuis deux ans, Maëlle est donc obligée de travailler 20 heures par semaine, en plus de son stage et de ses études. Un rythme effréné qui n'est pas sans conséquence sur sa scolarité. Mais cette situation, déjà compliquée, ne va pourtant pas cesser de s’empirer. Pour sa quatrième année, Maëlle passe à l’échelon 0 bis du Crous, et ne touche plus que 100 € de bourse par mois.


Un élan de solidarité de la part des internautes

Si la jeune femme a tenté des recours auprès des agents du Crous, ces derniers expliquent « qu’ils ne peuvent rien faire ». Elle aurait également sollicité une aide d'urgence, qui lui aurait été refusée, car l'étudiante avait travaillé l'été. « J’ai contacté trois assistantes sociales, fait des tonnes de recours. Quand j’ai la chance d’avoir une réponse, on me dit que c’est le barème qui veut ça », confie-t-elle au Figaro étudiant.

@elleam_____ pojr ceux qui vont me dire de travailler je cherche déjà un travail #etudiant #galere #pauvre ♬ Jocelyn Flores - XXXTENTACION

Face à sa situation, Maëlle ne voit plus qu’une seule solution : dénoncer le problème sur les réseaux sociaux. Sa vidéo va alors faire le tour de TikTok et trouver de nombreux soutiens. Une internaute lance même une cagnotte Leetchi à son nom et récoltera plus de 14 000 € pour l’étudiante.

La jeune femme assure qu’elle reversera une partie de cette somme à une association qui aide les étudiants dans la même situation qu’elle. « Je ne sais pas encore laquelle, mais je veux que cet élan bénéficie au plus grand nombre. » Elle prévoit également de lancer d’autres initiatives comme celle-ci pour aider les jeunes qui se trouvent dans la même situation. « J’ai envie qu’on parle de ces étudiants et que cela devienne un vrai sujet de société », conclut Maëlle, consciente d’être désormais un porte-parole pour les étudiants précaires.