Bien avant les bouchons sur la rocade ou les rames du métro B prolongées à l'infini, les Lyonnais du nord s’extasiaient devant un tramway bleu et crème au look élancé, presque aristocratique. Le “train bleu”, comme on l’appelait affectueusement, n’a peut-être rien à voir avec la ligne glamour Paris-Nice du même nom, mais dans le cœur des habitants de Neuville-sur-Saône, c’était un symbole de modernité, de liberté, et parfois même d’évasion.

Son histoire commence sur les chapeaux de roue à la fin du XIXe siècle, quand calèches et bateaux laissent petit à petit place à la vapeur. Dès 1891, une ligne ferroviaire relie le quai de la Pêcherie, en plein cœur de Lyon, à Neuville. Puis viennent les premiers tramways à vapeur, surnommés (de manière peu rassurante) “La Guillotine”. Il faut dire qu’ils faisaient trembler les pavés autant que les passagers.
Le glorieux ancêtre de la ligne de bus 40
Mais c’est en 1932 que le “train bleu” entre en scène, pimpant et électrique. Long de 90 mètres, il avale les 16 kilomètres jusqu’à Neuville en 47 minutes, avec ses 14 arrêts bien calés et sa fréquence rassurante. Dans sa version crème et bleu, il évoque un certain chic ferroviaire – une élégance un brin rétro qui fait rêver. Le week-end, il se muscle un peu avec des motrices rouges pour absorber les foules. L’ancêtre du RER, made in Lyon.
Mais l’ère moderne a ses caprices : dans les années 40, la voiture prend la vedette, le tram devient “encombrant” et “accidentogène”, et les rails s’éclipsent les uns après les autres. Le 30 juin 1957, le “train bleu” roule pour la dernière fois sous les larmes discrètes de ses fidèles. Aujourd’hui, une rame d’époque repose au musée de Rochetaillée. Quant à son itinéraire, il survit timidement via la ligne 40 des TCL, comme un fantôme roulant de ce glorieux passé oublié.
Article inspiré par Actu Lyon et Le Progrès
