Le sexe oral, principal facteur de risque du cancer de la gorge

undefined 27 avril 2023 undefined 18h13

Nicolas Cogoni

Non, ce n’est malheureusement pas une blague. Au cours des deux dernières décennies, l’Occident a connu une augmentation rapide du cancer de l’oropharynx (qui touche les amygdales et l'arrière de la gorge) au point que certains experts l'ont qualifié d’épidémie. Le coupable ? Le papillomavirus humain (HPV) transmis lors de rapports sexuels bucco-génitaux, également résponsable du cancer du col de l’utérus. Et d’après Hisham Mehanna, professeur de l'Université de Birmingham, le sexe oral est désormais le principal facteur de risque de ce type de cancer...


Un risque qui augmente selon le nombre de partenaires 

Le risque d'une infection par le HPV s'accroît avec le nombre de partenaires avec qui une personne a eu des relations sexuelles buccales. En effet, selon une étude publiée dans The New England Journal of Medecine, celleux qui ont eu des rapports sexuels oraux avec 6 partenaires ou plus au cours de leur vie, ont 8,5 fois plus de risque de développer un cancer de l'oropharynx que les autres. 

Oui ce chiffre est effrayant, mais heureusement, le papillomavirus humain n’entraîne pas systématiquement de lésions précancéreuses. En effet ce type de cancer est la conséquence d'un enchainement d'événement avec, en cas d’infection chronique, un possible développement du cancer. À savoir que le HPV ne déclenche pas directement les mutations responsables de la tumeur mais provoque des changement dans les cellules qu'il infecte dans la gorge ou le col de l'utérus qui deviennent cancéreuses. Cependant, le cocktail tabac, alcool et sexe oral, favorise très fortement le développement d'une éventuelle tumeur. 


© LMD


Les hommes 2 fois plus touchés que les femmes ?

Ces types de cancers, entraînés par la pratique de la fellation ou du cunnilingustouchent beaucoup plus les hommes, surtout blancs d'âge moyen, que les femmes. C'est en tout cas ce qu'a révélé Gypsyamber D'Souza, professeur adjointe d'épidémiologie à l'Université Johns Hopkins à Baltimore (Maryland) qui présentait ses travaux à la conférence annuelle de l'American Association for the Advancement of Science (AAAS) en 2016. Et oui, il semblerait que chez les hommes, la réponse du système immunitaire soit plus faible, ce qui les rend plus vulnérables à une infection. 

« Notre étude montre que chez les hommes le risque d'une infection par le HPV s'accroît avec le nombre de leurs partenaires avec qui ils ont eu des relations sexuelles buccales », a expliqué la chercheuse. En revanche chez les femmes, le nombre de récents partenaires n'a pas semblé augmenter le risque d'infection. Ainsi, à nombre égal de partenaires, les hommes ont beaucoup plus de risques d'être infectés par des HPV.