Histoire de Lyon : le jour où le président de la République a été assassiné en plein coeur de Lyon

undefined 14 décembre 2019 undefined 08h50

Jeanne Ulhaq

 

De passage à Lyon pour visiter l’Exposition Internationale qui se tient cette après-midi là, Sadi Carnot n’a aucune idée que cette journée sera sa dernière. Ce 24 juin, alors que le président vient de dîner à la Bourse de Commerce après s’être rendu à l’exposition, il se dirige vers le Grand Théâtre. Mais la foule qui l’attend entre la place des Cordeliers et la place de la Bourse est vive, et le ralentit considérablement sur son trajet.

Un homme réussit à se faufiler tout près du président : il s’agit de Santo Caserio, un commis boulanger de Sète, qui a pris plusieurs trains la veille et a marché de Vienne jusqu’à Lyon pour mener à bien son projet. Caserio, un anarchiste italien qui se lutte pour l’idée d’une liberté individuelle et contre celle d’un État tout puissant, commet alors l'irréparable : il poignarde Sadi Carnot en pleine poitrine, abandonne l’arme dans la plaie, et crie “Vive la Révolution”. Touché en plein foie, Sadi Carnot succombe à ses blessures quelques heures plus tard, alors que l’auteur du crime est arrêté peu de temps après son acte barbare.  

Un acte politique aux conséquences dramatiques

Alors que le choc perdure à Lyon, le lendemain, la veuve de Sadi Carnot reçoit une photographie de Ravachol, envoyée par Caserio, et disant “Il est bien vengé.” Ravachol était en fait un teinturier qui avait été guillotiné suite à des condamnations pour délits et crimes. Durant son procès, l’homme avait dénoncé un État barbare où les lois sanctionnent les actes sans se préoccuper des causes. Dans un contexte historique très particulier, où venaient d’être votées les lois scélérates (qui condamnaient les activités anarchistes), l’acte politique de Caserio engendre une multitude d’actes racistes envers les italiens de Lyon (commerces, consulat, etc.).

En plus de semer la haine au sein du peuple, l’attentat ne sert pas la cause de son auteur puisqu’une autre loi, plus répressive encore face aux anarchistes, fait son apparition en juillet 1894. Caseiro, lui, est guillotiné le 16 août 1894 à Lyon, tout en clamant toujours n’avoir aucun regret après son acte. Le corps du président défunt est transporté à Notre-Dame à Paris, où ont lieu les funérailles. Inhumé au Panthéon le 1er juillet 1894 aux côtés de son grand-père Lazare Carnot, la mémoire du président est aujourd’hui honorée sur les lieux du crime, où a été installée une plaque commémorative rouge ainsi qu'un pavé rouge sang afin que les Lyonnais n’oublient jamais cette tragique journée du 24 juin.