Et si l’art ne se regardait plus, mais se ressentait ? À la Fondation Bullukian, l’artiste Prune Nourry renverse les codes avec Empreintes, une exposition intime et vibrante où toucher n’est plus interdit. Diagnostiquée d’un cancer du sein en 2016, l’artiste franco-américaine a fait de sa guérison une œuvre à part entière. Elle transforme ses cicatrices en motifs, sa douleur en langage artistique, et nous plonge dans une exploration physique du sensible.

Des sculptures à effleurer, des émotions à réveiller
Dès l’entrée, le silence et le blanc imposent leur présence. Le visiteur avance entre des fragments de corps : mains, ventres, visages fissurés… Tous portent la marque du soin, de la reconstruction et du passage du temps. Ici, chaque geste compte : la peau frôle la terre, la porosité devient mémoire. Les sculptures de Prune Nourry semblent respirer. Elles racontent le corps vulnérable, réparé, et rappellent que le contact reste l’un des plus puissants moyens de se reconnecter à soi.
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Puis, la lumière s’éteint. Dans l’espace Phénix, le visiteur avance dans le noir, guidé par une simple “ligne de vie”. Huit bustes de personnes non voyantes, sculptés à l’aveugle par l’artiste, se découvrent uniquement au toucher. Les yeux fermés, on écoute les voix, on sent les formes, on imagine les visages. C’est un voyage sensoriel et poétique, où la main devient l’œil et où chaque relief raconte une renaissance.

Quand le geste devient message
La dernière salle, “Lignes de vie”, referme l’exposition sur une note universelle et poignante. Les murs affichent des empreintes, des timbres en relief et des paumes qui se font paysages. Parmi elles, celle d’Aïcha, élève non voyante, reproduite par La Poste à 450 000 exemplaires. Un symbole fort : celui d’un art qui redonne visibilité à ceux qu’on ne regarde pas.
Fondation Bullukian - 26 place Bellecour - Lyon 2e
Du mardi au samedi de 11 h à 18 h jusqu’au 27 décembre
Entrée gratuite
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Source : Tribune de Lyon
