Le petit guide de la teuf au Brésil

undefined 22 février 2018 undefined 19h10

La Rédac'

L’herbe est toujours plus verte ailleurs, sans mauvais jeu de mot. En tout cas, beaucoup de fêtards préfèrent aujourd’hui s’exporter au-delà des frontières françaises pour chercher leur petite dose de plaisir ailleurs, plus loin. D’ailleurs, la petite phrase “Berlin, c’est beaucoup mieux que Paris pour faire la fête” est presque devenue un classique du genre. Et même si c’était vrai (ne jugeons pas l’expérience des autres), il n’y a clairement pas que Berlin pour teuffer ! La preuve avec cette nouvelle série spécialement dédiée aux manifestations festives tout autour du monde. Pour ce premier épisode, Le Bonbon a décidé de traverser l'Atlantique pour rejoindre le Brésil. Et pour nous donner les informations les plus actuelles, nous avons demandé à des gens qui ont (beaucoup) fait la teuf là-bas de nous éclairer sur ce pays presque grand comme un continent. Un grand merci, donc, à Elise De La Jungle et à André Rios pour leurs précieuses informations. Evidemment, le tableau ne sera jamais complet (il n'y pas le Carnaval de Rio), alors prenez plutôt ce petit guide comme un simple accompagnement. Car le mieux reste toujours d'aller voir par soi-même ! 


Les clubs

D-EDGE (Sao Paulo). C’est le plus gros club techno/house de Sao Paulo. Sur sa programmation, les grands noms de la scène internationale côtoient les artistes brésiliens les plus bankables. “Mais il est hyper cher et hyper élitiste” (Elise). Plutôt dans le mood table/bouteille, quoi. Après, niveau programmation, rien à dire, c’est un incontournable. Il a été fondé par Renato Ratier, un DJ mythique de la ville (il détient aussi Warung, dans le sud) et “il a vu passer des sacrés noms sur ses affiches. Mais, il faut l’avouer, c’est un club cher et élitiste où l’on ne se dévergonde pas comme ailleurs.” (André)

Warung Beach Club (Florianopolis). “C’est le monument de la nuit de la zone. Un excellent club inspiré de temples balinais et placé face à la mer. Une vibe unique mais malheureusement, il est très cher et élitiste.” (André)

VIBE (Curitiba). “Il est très connu là-bas et voit passer de belles affiches, mais je ne connais pas trop la scène underground de la ville.” (André)

Les festivals

Citons-en trois. Universo Parallelo, une énorme fête organisée depuis l’an 2000, est une exploration en profondeur de la musique psychédélique et de tout l’univers qui s’en dégage. Attendez-vous donc à entendre beaucoup de psytrance là-bas ! Le festival est localisé à Itubéra. Sinon, il y a aussi TribalTech, nettement différent dans son esthétique, bien plus industrielle et axée sur la techno sous toutes ses formes. Enfin, récemment, le festival Dekmantel, bien connu des festivaliers européens, est parti s’installer au Brésil. De quoi donner une vraie diversité au paysage festivalier local. 

Les fêtes alternatives

En fait, énormément de Brésiliens ne vont tout simplement pas en club pour une raison très simple, l’argent. Les clubs sont chers et, au contraire, les fêtes de rue, par définition, sont gratuites. “Il y a eu une espèce de mouvement de collectifs qui ont émergé afin de revendiquer le droit de faire la fête dans la rue et de reconquérir l’espace public dans un centre laissé à l’abandon.” (Elise)

Du coup, les collectifs descendent dans la rue et y organisent des fêtes grandiloquentes où tout semble (encore) permis. “Aujourd’hui, les événements underground alternatifs explosent à Sao Paulo.” (André) Car le Brésil est un pays encore pauvre, ne l’oublions pas (plus de 20% des personnes vivent sous le seuil de pauvreté). “En termes de pression quotidienne, il y a donc une vraie volonté de s’échapper, plus qu’en France. Du coup, l’intention politique et sociale n’est pas du tout la même, même si le résultat, au final, est de faire la teuf tous ensemble.” (Elise)

Les collectifs

Beaucoup de collectifs essaiment la région, du coup. Qu’ils organisent des fêtes dans la rue ou dans des lieux désaffectés, leur volonté semble la même : s’échapper des carcans imposés par une société clivée. “Ca a commencé à devenir de plus en plus organisé, avec de plus en plus de moyens, toujours sur les places et l’espace public, puis dans les espaces inoccupés.” (Elise) Avec, évidemment, une professionnalisation et une institutionnalisation de certains d’entre eux. Et, lorsque les fêtes n’étaient pas organisées dans la rue (donc accessible à tout le monde) mais plutôt dans des lieux clos, “ça a commencé à être de plus en plus cher”. (Elise). Mais entre fêtes de rue, usines désaffectées ou teuf dans la forêt, vous avez largement de quoi trouver votre bonheur. Citons-en quelques-uns :

Mamba Negra (Sao Paulo). “Une fête ultra-alternative, très libre et libertaire. Je n’ai jamais vu autant de désinhibition et de transgression dans une soirée. A côté, le Péripate c’est vraiment le minimum. Très gay-friendly aussi”. (André)

Subdivisions (Sao Paulo). “Une autre fête de grande qualité. Elle a vu passer dans ses friches industrielles et ses bâtiments désaffectés des grands noms de la scène minimal. Derrière cette fête se cache un français qui oeuvre beaucoup pour la nuit alternative au Brésil et à Sao Paulo, Guillaume Legrand.” (André)

DOMypwl (Rio de Janeiro). “Derrière cette fête se cache encore un français, le DJ Craig Ouar de Phonographe Corp. Il a vraiment réussi à créer une communauté et organiser des fêtes aux sonorités de musique brésiliennes, africaines, house, new wave, electro dans des spots superbes de divers quartiers de Rio.” (André)

4FinestEars (Rio de Janeiro). “Un autre collectif qui a réussi à créer sa communauté de nuit et à organiser de superbes fêtes. Il est représenté par Carolina Hollanda et Juliano Serpa.” (André)

1010 (Belo Horizonte). “Il se passe un vrai truc du côté de Belo Horizonte ! En tout cas, il y a ce collectif qui fait vraiment du grabuge sur place, en organisant des fêtes dans la forêt notamment.” (André)

La musique

Dans les raves, c’est principalement de la techno. Dans les bars, vous pouvez trouver de la deep house assez classique. Les fêtes alternatives développent aussi une esthétique minimal, electro et breakbeat. Bien sûr, n’oubliez pas la baile funk, un style de musique électronique gonflé aux basses les plus funky ! Après, les autres clubs du Brésil, plus commerciaux, diffusent de la musique populaire brésilienne. L'équivalent de notre variét' franchouillarde, quoi !  



La drogue, l’alcool

Selon nos sources, il y aurait beaucoup de drogues psychédéliques là-bas, “un héritage de la culture indienne très certainement” (André). Les gens aiment aussi prendre des ecstasy et on peut y trouver de la cocaïne bon marché. Il y a aussi pas mal de kétamine. Au niveau de l’alcool : l’inévitable cachaça, évidemment, et le cocktail qui va avec, la Caïpirinha, un délicieux mélange de cachaça, de sucre de canne et de citron vert. Un autre mélange que les jeunes consomment beaucoup : la porradinha, soit une demi-tasse de cachaça et un peu de soda. L’astuce consiste à couvrir la tasse avec sa main puis à frapper sur la table. Le volume de la boisson va alors croître et il vous suffira d’en boire une gorgée. Niveau bière, c’est assez simple. Vous ne trouverez que les grandes marques habituelles ou bien quelques bières locales, comme l’Antartica, la Brahma ou la Skol.

La répression

Comme pas grand monde n’habite au centre de Sao Paulo, il n’y a pas beaucoup de répression. D’autant plus que l’ancien maire était assez conciliant avec les fêtes de rue. Mais depuis la nomination d’un maire nettement plus conservateur (Joao Doria), les choses sont nettement plus compliquées pour les organisateurs de fête.

Un immense merci à Elise et André pour leurs précieux renseignements.