Romain Duris, génial poilu dans Cessez-le-feu d\'Emmanuel Courcol

undefined 20 avril 2017 undefined 00h00

La Rédac'

Romain Duris, on a quand même pas mal l'habitude de le voir jouer les jolis cœurs, mais réduire son talent à sa belle gueule serait une erreur qu'on ne risque plus de faire après l'avoir admiré dans le superbe premier film d'Emmanuel Courcol, Cessez-le-feu. Il y joue, avec beaucoup de conviction, un héros de la Der des Ders en proie à ses propres fantômes. 


Dans la tranchée, le bruit est assourdissant, les explosions rythment les minutes comme la trotteuse d'une montre à gousset. Dans cet enfer de terre et de fer, le capitaine Laffont tente de rassembler ses hommes pour un nouvel assaut. Soudain une explosion, plus proche que les autres. Son second a disparu, mais une substance visqueuse coule dans son coup.

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Georges parcourt l'Afrique en camion avec Diofo, un tirailleur sénégalais qui l'accompagne dans sa quête d'oubli. De village en village, Diofo relate les exploits du « Capitaine Lafo », le plus grand combattant de la guerre, qui a « tué plus de boches qui tu ne tueras jamais de gazelles », dit-il un soir à un autochtone fasciné. Cette sorte de tournée itinérante va pourtant prendre fin dramatiquement, réveillant de vieux démons. De retour en France après quatre ans d'errance, Georges retrouve sa mère et son frère, sourd-muet depuis son retour du front. 

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Pour son premier film à la réalisation, Emmanuel Courcol n'a pas choisi la simplicité. Combiner la gravité du sujet historique et les difficultés techniques du film d'époque est plutôt courageux, et réussi avec beaucoup de maîtrise, comme on peut le voir dès la première scène du film, saisissante de réalisme. Mais si la mise en scène impeccable, la parfaite gestion de la temporalité du récit et l'ambiance sonore dans son ensemble impressionnent, Courcol peut surtout remercier ses acteurs, Romain Duris évidemment, mais aussi Grégory Gadebois et Céline Sallette, remarquables

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Tour à tour mutique, les yeux dans le vague, puis rempli d'une colère sourde, la lèvre tremblante et la voix cassée, Duris incarne avec dignité le soldat qui place plus haut que tout le sens du devoir, mais qui reste secrètement traumatisé lui aussi par l'horreur de la guerre. Il s'incarne ainsi aussi bien en figure tutélaire, en héros d'apparat, qu'en homme fragile, qui s'énerve face aux exigences de sa mère, qui se laisse aller au bonheur frivol du badinage amoureux, offrant ainsi à l'acteur l'occasion de dévoiler une large palette d'émotions jouées avec une sensibilité à fleur de peau. 

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Romain Duris n'est pas qu'un sourire, qu'une dégaine ; il est désormais l'acteur français auquel on pense pour incarner un héros de la nation, un grand frère et un fils aimant, un amoureux passionné ou un aventurier avide de découverte, le tout dans le même personnage. Il est désormais l'un des tout meilleurs, simplement


Cessez-le-feu
, d'Emmanuel Courcol

Avec Romain Duris, Céline Sallette et Grégory Gadebois
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