De la teuf à la santé publique : la kétamine, miracle contre la dépression ?

undefined 18 avril 2017 undefined 02h00

La Rédac'

Qui côtoie un milieu que l’on qualifiera de "festif aux mœurs légères", connaît bien cet indécrottable lutte de camés qui oppose les fervents usagés de la cocaïne aux apôtres de la kétamine. C'est-à-dire, dans un raccourci primaire, l’incompréhension idéologique qui sépare les Parisiens bobo des normecore berlinois… Eh bien, l’ouverture de la communauté scientifique à l’usage de la kétamine contre la dépression risquerait d’en mettre plus d’un d’accord.


Lorsque tu croises de jeunes individus en nage qui paraissent totalement désarticulés au milieu de ta soirée, et de la même manière, possédés par je ne sais quelle force surnaturelle, c’est ça, la kétamine. Un anesthésiant vétérinaire surtout connu pour ses effets stupéfiants chez l’être humain. Du Cillit Bang pour les méninges, si tu veux. Pourtant, comme souvent, le corps médical s’est finalement penché sur les effets positifs de cette drogue dure sur notre métabolisme. Breaking news : il paraît donc, après recherches, que la kétamine aide à combattre certaines dépressions

Le docteur Rupert McShane a effectivement écrit dans un article pour The Lancet que « l’usage de la kétamine pour les formes sévères et résistantes de dépression ne viole pas les principes éthiques ». Bien bien. Un antidépresseur là où les autres traitements ont tous échoué, donc.

McShane mène des phases de test à Oxford depuis 2011 réunissant un panel de 101 cobayes, tous en échec dans leur tentative de rémission. Quelques années plus tard, l’étude relève que 42 d’entre eux attestent avoir vu une nette amélioration à l’issue du traitement expérimental. On est tous contents pour eux.

L’usage dont on parle ici est bien loin de l’aspect récréatif que peut entrainer la kéta’. Les doses et la prise sont particulièrement encadrées. « Nous pensons que le traitement des patients devrait être fait dans des centres habilités et avec un suivi dans les registres médicaux, nationaux ou internationaux. Cela nous aidera à relever les problèmes de sécurité ou d’abus liés à l’usage sur le long terme ainsi qu’à trouver la dose, la fréquence, la voie d’administration et la longueur du traitement optimales », ajoute le docteur.

Plusieurs études similaires démontrent également que cette drogue permet de palier les symptômes dépressifs en quelques heures seulement, sans pour autant créer de dépendance. Cependant, et même si l’industrie pharmaceutique garde un œil fixe sur l’avancée des découvertes, l’usage de la kétamine comporte toujours beaucoup d’effets secondaires et ne concerne que les dépressions sévères.

Aux Etats-Unis, pourtant, cette thérapie est déjà proposée par certains centres de soins, et de nombreuses compagnies d’assurance prennent partiellement en charge les frais du traitement. L’Europe, elle, beaucoup plus sceptique, a besoin de se rassurer et d’effectuer d’autres analyses complémentaires sur ce traitement particulièrement lourd.

Alors, un special K contre le mal du siècle ?