Yan Pei-Ming en majesté dans la salle des tombeaux
Dans la salle des tombeaux des ducs de Bourgogne, un nouveau regard s’est posé. Celui, intense et monumental, de Yan Pei-Ming. L’artiste dijonnais d’adoption depuis 1980, reconnu dans le monde entier pour ses portraits en clair-obscur saisissants, y est exposé par trois fois. Un triptyque d’autoportraits, intitulé Nom d’un chien ! Un jour parfait, trône désormais dans cet écrin gothique, comme en dialogue silencieux avec les gisants des ducs. Une confrontation puissante entre passé et présent, tradition et émotion contemporaine.
Un face-à-face spectaculaire
Réalisée en 2012, cette œuvre monumentale (chaque toile mesurant 4 mètres sur 2,80) donne à voir l’artiste lui-même, flottant presque au-dessus des tombeaux, dans une mise en scène qui rappelle la crucifixion du Christ entre les deux larrons. Une disposition que la directrice du musée, Frédérique Goerig-Hergott, qualifie de "spectaculaire” : “Il semble en lévitation face aux gisants. L’idée était de confronter Yan Pei-Ming aux plus grands sculpteurs du XVe siècle.”
Pour travailler sur ces toiles géantes, l’artiste utilise une nacelle lui permettant de peindre avec recul et ampleur, à l’aide de pinceaux larges spécialement fabriqués pour lui. Une méthode à la mesure de son geste pictural, toujours empreint de puissance, de gestes rapides et d’émotions brutes.
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Un hommage à un artiste fidèle à Dijon
Ce choix d’accrochage n’est pas anodin : il célèbre le don récent que l’artiste a fait au musée des Beaux-Arts de Dijon, sa ville de cœur. Trois aquarelles représentant des Pleurants sont désormais visibles dans la salle voisine, clin d’œil à l’exposition L’homme qui pleure de Ming, qui avait marqué la réouverture du musée en 2019. Ces figures du deuil, revisitées par Pei-Ming à la suite de la mort de sa mère, témoignent d’un chagrin intime transfiguré par la mémoire collective.

15 œuvres de Yan Pei-Ming au musée
Avec ce geste généreux, Yan Pei-Ming renforce encore un peu plus son ancrage dans l’histoire artistique dijonnaise. Le musée conserve désormais 15 de ses œuvres, rendant hommage à un artiste majeur de notre époque, qui n’a jamais cessé de dialoguer avec les figures du passé pour mieux peindre les drames du présent.
Le triptyque est à découvrir jusqu’en janvier 2026. Un face-à-face bouleversant entre un peintre et l’histoire, entre un homme et sa ville.
Et pour ceux qui ne sont pas encore aller à l’expo de la rotonde de Saint-Bénigne, c’est par ici.
