La fessée est officiellement interdite en France

undefined 3 juillet 2019 undefined 14h17

La Rédac'

C’était la dernière étape pour valider la loi contre les violences éducatives ordinaires. Après l’Assemblée nationale, le Sénat vient de définitivement adopter la loi. Mais au fait, c’est quoi les violences éducatives ordinaires ? Et qu’est ce que ça va changer ?

Une fessée, une gifle, même une simple tape sur la main, tout cela est désormais interdit par la loi. Ces gestes punitifs font partie des violences éducatives ordinaires, aussi appelées VEO. Le sujet est plus complexe et vaste qu’il n’y paraît, puisqu’il ne s’agit pas seulement de violences physiques, parfois à l’issue dramatique et véritablement troublantes pour l’enfant, mais aussi de violences psychologiques.

Outre la très fameuse fessée ou la petite tape sur la main en signe de désapprobation, hausser le ton, mettre au coin, punir ou menacer sont des actes désormais interdits par ce nouveau texte de loi. Les VEO comprennent énormément de pratiques éducatives, y compris celles utilisées de façon bienveillante par les parents.

Montrées du doigt par de nombreuses associations comme Stop VEO ou la Fondation pour l’Enfance, ces actes vont de la simple réprimande à une maltraitance physique comme des coups puissants portés à l’enfant, passibles de peine de prison. Pour alerter le grand public, Stop VEO révèle qu’en France, 2 enfants par jour meurent sous les coups de leurs parents, un chiffre qui fait froid dans le dos. D’autre part, 50% des parents ont frappé leur enfant avant l’âge de 2 ans.
Alors même si on fait partie de la génération adepte des coups de règles sur les doigts ou de la fessée déculottée, on ne peut pas nier que ces chiffres sont alarmants. La politique s’est emparée de ce sujet qui divise les Français entre ceux qui prônent une éducation douce et basée sur l’échange avec l’enfant et ceux qui ne voient pas en quoi une fessée serait si grave.

On peut alors se demander comment une loi visant l’intimité du cocon familiale pourra être appliquée. Un parent qui gronde son enfant en public ne sera pas embarqué par la police et n’écopera pas non plus d’une amende. La loi pose les bases d’une interdiction symbolique et se veut être une loi pédagogique et non pénalisante. Vous ne serez donc jamais recherché par la police si vous mettez une fessée à votre marmot. En revanche, cette loi soutenue par la Fondation pour l’enfance et Stop VEO, va mettre en avant différents dispositifs d’aide. Parmi eux : 119 Allô enfance en danger, la Protection Maternelle et Infantile, et bien d’autres à venir.

Les familles ne sont pas les seules concernées par la loi. Un diplôme universitaire d’accompagnement à la parentalité sera mis en vigueur dès la rentrée 2019 pour les pédiatres. De la même façon, une formation spéciale sera destinée aux assistantes maternelles pour intégrer la prévention contre les VEO.

La France devient le 56e pays à adopter une loi visant à interdire les VEO. Même si elle ne fait pas l’unanimité, il est bon de rappeler que la Suède, premier pays à faire passer cette loi en 1979, a dû pousser et faire face aux 70% de la population qui y étaient strictement opposés. Et contrairement aux arguments avancés par les pros-fessée, la délinquance juvénile recule. Aujourd’hui, seuls 18% des Suédois sont toujours opposés à cette loi.

Même s’il ne faut pas être catégorique et remettre chaque cas dans son contexte, l’exemple de la Suède nous prouve bien que si le mode d’éducation change, alors le regard porté sur l’éducation changera aussi. Reste à voir si les conséquences seront aussi bénéfiques en France.