Une nuit aux urgences

undefined 9 décembre 2016 undefined 01h00

La Rédac'

La nuit est calme, pas un bruit dans le couloir. A part le bip des monitorings, le râle des souffrants, et quelques toux bien grasses qui te font imaginer l’aspect du glaviot juste au bruit. C’est calme, du coup j’en profite pour écrire, ça me garde l’esprit occupé parce que perso je flippe un peu de l’hosto la nuit depuis qu’un collègue a retrouvé un toxico qui squattait une chambre inoccupée pour se faire son fix sereinement. Mais va pas croire non plus que les infirmiers de nuit sont payés à écrire des articles pour le Bonbon et distribuer des pilules qui font dormir, on en voit de belles aussi.

Quand on travaille au contact d'humains, on se rend compte chaque jour à quel point ils sont tordus. Surtout ceux qui ont des soucis d'ordre psychiatrique, mais ils n'ont vraiment pas le monopole. Disons qu'en psy, ce qui est marrant, c'est surtout la petite histoire qui a amené la personne à être hospitalisée, de gré ou de force... Je retiendrais surtout le mec, profil lambda, la trentaine, ça aurait pu être un de tes potes, ton cousin, ton mec, ton voisin, tout allait bien dans sa vie jusqu'au jour où, dans un TGV, il est allé prévenir le contrôleur qu'il avait mis des explosifs dans le train. C’était faux, mais il a fini chez les flics. Puis en psychiatrie. Ou encore une petite nana qui, le jour du marathon de Paris, a vu plein de gens courir dans la rue. Et tu vois, comme ils couraient vers sa gauche, il fallait qu'elle les suive. Ben elle l'a fini, ce marathon, et sans préparation. Pour la récupération après l'effort, ça s'est passé aux urgences. Puis en psychiatrie. Et celui qui s'est sectionné la bite au cutter pour voir quelle quantité de sang il y a dedans quand il bande ? Au bloc opératoire. Puis en psychiatrie.

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Une autre source sans fin d'anecdotes drôles et dégueulasses, c'est les poches de stomie, ce qu'on pourrait vulgariser sous le doux nom de "poche à merde", quand pour diverses raisons, les étrons ne peuvent plus s'échapper par la voie naturelle. C'est un peu comme une césarienne mais pour le caca, et parfois c'est définitif. C’est très pratique, sur les poches il y a comme une petite fenêtre, on peut s’amuser à deviner ce que la personne a mangé à midi. Les carottes râpées c’est fantastique ça fait des petits vermicelles qui nagent dans de la merde semi-liquide. Au niveau de l’odeur je vais pas m’attarder dessus, je dirais simplement beaucoup plus crade que la plus crade de tes diarrhées (de lendemain de cuite). Il y a donc un morceau de côlon qui dépasse au niveau du ventre, et bien sûr, la nature n’ayant pas prévu de sphincter à cet endroit, le flux est incontrôlable. Et pourtant, aussi dégueulasse que ça puisse paraître, pour certains couples qui s'ennuient dans leur sexualité, ce nouvel orifice est le bienvenu. On en voit parfois arriver aux urgences parce que ça s'est mis à saigner, la chose n'étant pas vraiment adaptée, même pour les plus ouverts d'esprit. 

Et pour les adeptes des chemins déjà connus du grand public, les corps étrangers originaux retrouvés dans des rectums ne sont pas une légende urbaine. De la patate épluchée à la selle de vélo, impossible de faire une liste exhaustive, mais le point commun entre tous, c'est que, presque systématiquement, les personnes te diront que l'objet s'est retrouvé là par accident. Sauf celui qui s'était mis deux godes à la suite, lui, il a assumé son geste. Le total faisait 43cm, je mens pas j'ai vu la photo qui a été prise après le retrait, à côté d'un mètre ruban. D'ailleurs la légende dit que l’interne qui s’est collé à la tâche s’en est pris plein la gueule à cause d’un appel d’air.

Sur ce, je vous laisse on a un coma éthyllique, la mamie de la chambre 38 s’est injecté de l’alcool à désinfecter dans sa sonde gastrique.