Autrefois familière des Bordelais, la baignade en Garonne pourrait bien renaître. La ville y travaille activement, portée par un double élan : renouer avec une histoire séculaire et inscrire Bordeaux dans une dynamique de réappropriation de ses rivières, à l’image de Paris ou de Québec, où l’on nage déjà dans la Seine ou le Saint-Laurent.
Une tradition oubliée
Pendant plus de 150 ans, les rives bordelaises accueillaient des bains flottants en bois, simples ou luxueux, avec cabines chauffées et bassins suspendus. Du quai de la Monnaie à la place des Quinconces, ces installations populaires ou raffinées rythmaient la vie estivale. La tradition s’est éteinte après la Seconde Guerre mondiale, laissant place à la nostalgie.
Un projet technique et territorial
Contrairement à la Seine, la Garonne offre une qualité d’eau déjà satisfaisante. Mais elle impose d’autres contraintes : un débit moyen de 600 à 1 000 m³/s, avec des crues pouvant atteindre 5 000 m³/s, contre seulement 220 m³/s pour la Seine à Paris. Le marnage et les courants violents du fleuve rendent l'opération complexe.
Deux pistes sont à l’étude :
-
Une baignade en eau vive, dans le lit même du fleuve, avec pontons, filets de sécurité, rideaux de protection et entretien régulier. Coût estimé : environ 10 millions d'euros.
-
Une zone de baignade en eau calme, probablement aux Bassins à flot, dans un milieu semi-fermé plus facile à gérer. Coût envisagé : entre 2 et 3 millions d'euros.
Ces aménagements exigent l’aval du Grand Port Maritime de Bordeaux et diverses autorisations environnementales, et pourraient retarder le calendrier. « Les premières études ont été lancées pour connaître les contraintes, les coûts, dans le cadre d’une stratégie globale de lien renforcé avec le fleuve sur toutes les thématiques : économie, logistique, tourisme... », nous confie la municipalité.
Une Garonne dotée de droits ?
Au-delà du simple projet de baignade, la ville défend une vision globale : reconnecter Bordeaux à son fleuve. En mai, la Mairie a signé un manifeste pour la reconnaissance des droits de la Garonne comme entité vivante. Plusieurs collectivités – Langon, Tabanac, Saint-Pierre-d’Aurillac – ont déjà apporté leur soutien.
