Tombeau de Montaigne : l'énigme historique bientôt résolue ?

undefined 7 janvier 2020 undefined 08h19

Paul Vollette-David

Mettre au jour la sépulture d'un personnage historique est un véritable rêve d'enfant pour tout archéologue passionné. Pourtant, en novembre dernier, c'est précisément ce qu'ont vécu les équipes de chercheurs, de spécialistes et d'universitaires présentes dans les sous-sols du musée d'Aquitaine.

"Nous sommes vraisemblablement en présence de Michel de Montaigne", a déclaré Laurent Védrine, directeur du musée d'Aquitaine, au sujet de l'auteur des Essais, également ancien maire de Bordeaux.

Une découverte inattendue !

Tout commence il y a plus d'un an, lorsque les équipes du musée d'Aquitaine font la découverte d'un caveau dans les sous-sols du musée. Les hypothèses sur le personnage qui y repose convergent rapidement vers Michel de Montaigne (1533-1592), dont le tombeau n'a jamais été retrouvé jusque- là. A l'aide d'une micro caméra, les chercheurs découvrent dans ce caveau un cercueil en bois de chêne, sur lequel est inscrit "Michel de Montaigne". Cette première avancée conforte les chercheurs dans l'idée qu'ils sont sur la bonne voie, et laisse de moins en moins place au doute. 

Crédits photos : @Paul Vollette-David

Montaigne à tombeau ouvert 

D'Indiana Jones à Benjamin Gates, on a tous en tête des images de découvertes archéologiques. La semaine du lundi 18 novembre dernier, c'est une scène similaire qui se déroulait dans les sous-sols du musée. En effet le tombeau a finalement été ouvert. Mais ce qui devait être l'épilogue d'un mystère vieux de plusieurs siècles s'est finalement révélé n'être qu'un pas de plus dans cette énigme historique.

En effet, après avoir extrait le cercueil du tombeau, les archéologues ont désormais de nouveaux indices mais aucune certitude n'a pas pu être établie pour le moment. A l'intérieur de ce premier cercueil en chêne ont été découverts un second cercueil en plomb, de taille inférieure, ainsi qu'un tube (en plomb lui aussi) renfermant des écrits qui pourraient correspondre, par exemple, à l'acte d'inhumation de l'ancien maire de Bordeaux. Les chercheurs ont également extrait des ossements, notamment un crâne, qui feront l'objet d'analyses ADN dans les semaines à venir afin de déterminer s'ils correspondent bien aux restes de Michel de Montaigne, en les comparant aux résultats des analyses ADN de ses descendants.

Crédits photos : @Paul Vollette-David


Une dépouille déplacée à de nombreuses reprises

En 1593, le cercueil du philosophe décédé l'année précédente est inhumé dans la chapelle du couvent des Feuillants (actuel musée d'Aquitaine), en rénovation à cette époque. En 1603, il est installé dans l'église rénovée des Feuillants. Un cénotaphe est érigé à la demande de la veuve de l'écrivain. Le couvent devient un lycée en 1802, et le cercueil est installé dans la chapelle du lycée. En 1871, un incendie survenu dans cette même chapelle déplace à nouveau la dépouille, qui sera alors entreposée au dépositoire du cimetière de la Chartreuse. Enfin, en 1886, les restes du philosophe reviennent au couvent des Feuillants, récemment devenu la faculté des sciences et lettres. Le cénotaphe, lui, est installé dans le hall de la faculté, qui deviendra par la suite le musée d'Aquitaine que nous connaissons aujourd'hui.

L'année 2020 pourrait donc être l'année du dénouement pour ce mystère historique. Dans tous les cas, les curieux et curieuses pourront se rendre au musée d'Aquitaine pour admirer le cénotaphe qui y est toujours installé aujourd'hui, et dont l'origine est, elle, bien établie !

Crédits photos : @Paul Vollette-David

Texte : @Paul Vollette-David