Le minimalisme : et si le bonheur, c'était de vivre simplement ?

undefined 17 mai 2017 undefined 00h00

Rachel Thomas

Courant d’art contemporain apparu au début des année 1960 aux Etats-Unis, le minimalisme est aussi un mode de vie adopté par de plus en plus de personnes dans les pays développés. En limitant leur consommation de biens matériels, les minimalistes cherchent à préserver la planète et à vivre de manière plus simple, jugée comme plus satisfaisante. Au-delà de l’aspect écologique évident défendu par le mouvement Zéro Waste, c’est une véritable philosophie que ces "minimalistes" défendent.


Une ode au zéro déchet


Les deux papesses du zéro waste

La volonté de réduire ses détritus fait de plus en plus d’adeptes, notamment en France. On remercie notamment les réseaux sociaux et blogs. Mais à l’origine, deux noms reviennent quand il s’agit de parler zéro déchet. La papesse est Béa Johnson, française, auteure du best-seller Zero Waste Home. Pour faire simple : elle se maquille avec de la poudre de cacao, se lave au bicarbonate de soude, ne jure que par les bocaux en verre… Elle possède 2 robes, 2 jupes, 2 pantalons, 1 short, 3 pulls. Le minimum confortable en somme.

Une publication partagée par Bea Johnson (@zerowastehome) le

La deuxième, Lauren Singer, une jeune New-Yorkaise de 25 ans dont les déchets de ces quatre dernières années tiennent dans un petit bocal en verre, tient le blog Trash is for Tossers ("Les poubelles, c'est pour les branleurs") qui a évolué jusqu’à devenir un mode de vie et une marque de produits d’entretien naturels. Rien que ça ! 

Ces deux influenceuses ont bouleversé la vie de nombreux adeptes aux quatre coins du monde.


Le mouvement zéro déchet en force sur les réseaux

Nombreux sont ceux qui, depuis la médiatisation du mouvement, choisissent une vie sans gâchis. Mélanie Charles - fleuriste en pleine reconversion pour devenir paysagiste - partage ses tips zéro déchet à travers son blog Sempervivum et son joli compte Instagram. Elle offre des solutions alternatives à quasiment tout. Du maquillage aux vêtements en passant par les serviettes hygiéniques. Comme quoi, tout est "zérowaste-able". Sa transformation s'est déclenchée lors d'un simple déménagement. 

« Ma mère a déménagé dans le sud de la France et est passée d'une maison de 90 m2 à une maisonnette de 40 m2 amplement suffisante pour elle. Il a donc fallu faire le tri. C'est à ce moment que je me suis rendue compte qu'on s'encombrait de choses totalement inutiles. Ensuite, j'ai vu que je reproduisais la même chose chez moi alors j'ai décidé d'agir. »

Pour résister à l’appel de l’achat quand on vit dans une ville comme Paris, elle donne un conseil précieux et plutôt facile à suivre.

« C'est toujours difficile au départ mais le plus important lorsque l'on s'apprête à faire un achat, c'est de se poser la question "en ai-je réellement besoin ?" La plupart du temps la réponse sera "non". J'étais une dingue de la décoration d'intérieur avant ça et même s’il m'arrive toujours de regarder les vitrines avec de jolis objets, je sais qu'ils ne me rendront pas plus heureuse alors je passe mon chemin. » 

Daily routine! 

Une publication partagée par Mélanie, Une Vie Sans Gâchis (@zerowastesempervivum) le

Il y a aussi plusieurs règles à suivre : 

« Une fois la garde-robe diminuée, si l'on souhaite faire rentrer une nouvelle pièce, il faudra se séparer d'une autre, c'est la règle. Le plus important quand on est minimaliste, c'est qu'on prend plus soin du peu d'objets que l'on possède. Les coupes basiques et un code couleur en fonction de vos goûts aident également à ne pas aller dans tous les sens et accumuler. Pour ma part, étant rousse, ma garde-robe se compose de noir, blanc, beige, bordeaux et vert qui sont des couleurs qui me vont bien au teint. » 

Mais la jeune blogueuse est bien consciente qu'il y a encore beaucoup d'efforts à faire, surtout pour ceux vivant dans les pays développés.

« Évidemment je suis minimaliste d'un point de vue occidental mais il y a des peuples qui le sont largement plus et qui ont un impact sur l'environnement proche du zéro ! Nous avons beaucoup de choses à apprendre d'eux»


Une ode à la sobriété heureuse

Armoire pleine de vêtements, étagères débordant d’objets, frigo toujours plein… Difficile, dans nos petites vies de citadins, de ne pas se sentir concerné par la surconsommation. Les minimalistes semblent avoir une chose en commun : un ras-le-bol du consumérisme. Certains travaillaient dans la pub, d’autres étaient eux-mêmes des gros consommateurs. Une chose est sûre : ils n’étaient pas heureux dans leur vie et ont trouvé le bonheur en réduisant leurs possessions. 


Leminimaliste.com
 et la loi de pareto

Grégory, 31 ans, est un curieux. Après avoir étudié la pub et travaillé 10 ans dans le secteur bancaire en tant que conseiller financier, il décide – il y a deux mois – de quitter cette carrière qui ne le rend plus heureux. Sa nouvelle vie ? Tenir son blog et voyager pour découvrir d’autres horizons. Pour en arriver là, il est passé par plusieurs étapes. Il s’intéresse d’abord au développement personnel et découvre sur le blog d’Olivier Roland la loi de Pareto, de l’Italien Vilfredo Pareto.

« C'est la loi des 80/20. 80% du chiffre d'affaire provient de 20% des clients. 80% du temps, vous mettez 20% de votre garde-robe, 20% de nos relations nous procurent 80% de bonheur, 20% des objets dans une maison sont employés 80% du temps », explique-t-il.

« Une très grosse étape s'est faite en 2014 quand j'ai lu un article sur Lauren Singer. Le défi m'intéresse et je décide de faire pareil. J'adopte le mode de vie "Zerowaste" grâce à elle et au livre de Béa Jonhson. J'ai naturellement diminué mes besoins et mes objets pour les remplacer à nouveau par de la qualité. Ensuite j’ai découvert le best seller L'art de la simplicité de Dominique Loreau et La magie du rangement de Marie Kondo. C'est là que je suis devenu définitivement minimaliste. » 

Au-delà de l’objectif écologique, les bénéfices que Grégory en tire sont réellement profonds et psychologiques.

« Les plus gros avantages pour moi sont de prendre plaisir et se sentir libre. Avant, je gardais mes vêtements et ma vaisselle préférés pour les grandes occasions. Avec le minimalisme, c'est tous les jours une grande occasion. Je n'utilise au quotidien que mes objets préférés. La vie devient une fête. Elle devient plus belle physiquement et moralement. Physiquement car je n'utilise que des objets de qualité. Et moralement car je sais maintenant ce qui compte le plus pour moi. Je ne m'entoure désormais que de personnes positives. Je passe ce temps avec mes proches ou à faire quelque chose qui me donne un sens. Je suis mon instinct et je contrôle totalement mon existence. Je me sens libre et heureux. »

Financièrement aussi, Gregory y trouve des avantages : « il s'agit de faire presque cinquante pour cent d'économie voire plus », et pour lui « le ménage c’est 10 minutes par semaine. ». Gain de temps, d’énergie, de bonheur et d’argent, tout en préservant la planète… il y a de quoi se remettre en question.


Le documentaire inspirant : Minimalism : a documentary about the important things 

Dans une époque où le "toujours plus" rime comme la matérialisation du bonheur, Joshua Fields Millburn et Ryan Nicodemus, ont radicalement transformé leur vie pour le minimalisme. Minimalism : a documentary about the important things, leur documentaire - diffusé sur Netflix depuis fin 2016 et largement aux Etats-Unis - questionne notre rapport à la consommation et à la possession de biens matériels. 

« J'ai appris qu'en simplifiant ma vie, j'avais le temps de m'occuper de ma santé, de mes amis, de mon argent, de mes passions, que je pouvais me concentrer sur moi-même d'une façon qui fait sens », explique Joshua Fields Millburn dans une conférence TEDx.

 

Après avoir eu ce déclic, les deux hommes sont donc partis sur les routes des Etats-Unis pour partager leur philosophie, celle qui se détache du superficiel pour retourner à l’essentiel. Un documentaire assez renversant que je vous conseille de regarder si vous aspirez à une vie débarrassée de toute futilité.

Dernièrement, les deux hommes ont aussi réalisé une websérie à regarder sur YouTube : Making Minimalism


A lire pour aller plus loin

La Cabane de Moe
unpeubocauxalafolie.com
Maman Minimaliste
leminimalisme.fr
vivreavecmoins.com
www.zerowastefrance.org
La magie du rangement
de Marie Kondo
L'art de la simplicité de Dominique Loreau
L'art du minimalisme d'Elodie Joy Jaubert 
Small is beautiful de E.F Shumacher